Saint Jean Chrysostome

Homélie 21 sur saint Matthieu

Personne ne peut servir deux maîtres; car il haïra l'un pour aimer l'autre; il supportera celui-ci, et méprisera celui-là.

1. Voyez-vous comme il nous détourne peu à peu des réalités présentes, comme son discours nous inspire de plus en plus le mépris des richesses et jette à bas l'empire de la cupidité ? Il a dit plus haut bien des choses admirables sur ce sujet; mais il compte n'en avoir pas assez dit, et la suite nous ouvre un champ plus vaste et plus beau, tout autrement capable de nous plonger dans la stupeur. Quoi de plus terrible que l’idée ici énoncée, à savoir que les richesses nous font perdre le titre de serviteurs du Christ ? Quoi de plus attrayant dans cette perspective, que lui témoigner notre dévouement et notre charité en foulant aux pieds ces mêmes richesses ? Je n'ai cessé de vous tenir ce langage, j'y reviens encore aujourd'hui : il nous excite ainsi par un double moyen à l'écouter avec un cœur docile, en faisant passer tour à tour devant nos yeux les avantages et les désavantages. Voilà comment agit un médecin habile, quand il nous montre la maladie dans la résistance à ses conseils, et la guérison dans l'obéissance. Remarquez donc quel bien précieux il nous propose de nouveau, quel bonheur il nous prépare en nous éloignant de ce qui nous perdrait. — Le malheur que vous causent les richesses n'est pas seulement d'armer les voleurs contre vous, ni d'envelopper votre entendement de profondes ténèbres; c'est encore de vous arracher au service de Dieu et de vous rendre les esclaves d'une matière inanimée; de telle sorte que vous êtes doublement malheureux, à la fois parce que vous subissez la domination de choses auxquelles vous deviez commander, et parce que vous défiez l'autorité du seul Maitre qu'il vous importait de reconnaître et d'écouter.

Il leur avait déjà présenté deux genres de préjudice que la cupidité leur causait, en leur suggérant de laisser leurs trésors exposés à la rouille et de ne pas les déposer en un lieu sûr : c'est de la même manière qu'il la leur représente ici comme les séparant de Dieu et les soumettant à l'iniquité. Mais il n'en vient pas là tout de suite, il pose d'abord un principe général : « Personne ne peut servir deux maitres, » deux maîtres évidemment qui donnent des ordres opposés; car autrement ils ne seraient pas deux. Voyez plutôt: « La multitude des croyants n'avait qu'un cœur et une âme. » Act., IV, 32. Les corps étaient distincts et nombreux; mais ils n'en formaient plus qu'un par l'harmonie des sentiments. Il renchérit sur cette pensée, puisque ne pas servir un maître devient, dans son expression, de l'aversion et de la haine : « II haïra l'un pour aimer l'autre. Il supportera celui-ci, et méprisera celui-là. » Il semble exprimer deux fois la même chose; mais ce n’est pas sans intention qu'il parle ainsi, il veut nous persuader qu'il est facile de changer dans le sens du bien. Pour qu'il ne vous fut pas possible de dire : c'en est fait, me voilà captif, je subis le joug des richesses; — il vous fait voir qu'on peut toujours briser sa chaîne et passer du mal au bien, comme aussi du bien au mal.

Après avoir formulé sa doctrine d'une manière indéterminée, pour mieux la persuader à son auditeur, en la soumettant de la sorte à son jugement, en l'obligeant à se prononcer d’après la nature même des choses, il se révèle lui-même aux yeux d'une âme maintenant attentive; il ajoute donc : « Vous ne pouvez pas servir Dieu et l'argent, » Frémissons en pensant à ce que le Christ est obligé de nous dire. C'est nous qui le forçons à mettre en parallèle Dieu et l'argent. Or, si la parole fait trembler, combien plus la réalité elle-même, la préférence donnée à la tyrannie de l'or sur la puissance de Dieu !

Nous sommes devenus esclaves de nos richesses

Quoi donc ? cette double allégeance n'était-elle pas possible chez les anciens ? — Nullement. — Mais alors comment Abraham, comment Job ont-ils brillé d'un si pur éclat ? — Ne me parlez pas de riches, parlez-moi d'esclaves des richesses. Job était riche assurément; mais il ne courbait pas la tête devant la fortune : il avait de grandes possessions ; mais il en était le maître, et non le très-humble serviteur. En effet, il se regardait comme le dispensateur et l'économe du bien d'autrui, tant il était dégagé des biens qu'il possédait; non content de ne pas spolier les autres, il donnait le sien aux indigents. Chose encore plus remarquable, il ne se complaisait pas dans ses biens, comme il le déclare lui-même: « Me suis-je réjoui parce que je possédais de grandes richesses.? » Job, XXXI, 20. Aussi ne s'affligea-t-il pas de les avoir perdues. Tels ne sont pas les riches de notre époque; ils sont tombés par le sentiment au-dessous des derniers esclaves, ils paient tribut à l'argent, et ils le servent comme on sert un maître impitoyable. La cupidité s'est emparée de la citadelle, du trône même de leur âme, et de là elle leur communique chaque jour les ordres les plus iniques; personne cependant qui sache lui résister.

Ne raisonnez donc pas en pure perte. Dieu lui-même a prononcé, il a déclaré qu'il était impossible de concilier ces deux services. Ne dites donc pas qu'ils peuvent coexister. L'un autorise le vol, et l'autre oblige à donner du sien; celui-ci réclame la chasteté, celui-là permet la fornication; l'un s'accommode de l'ivresse et des délices, l'autre nous apprend à dominer nos appétits: celui-ci nous fait mépriser les biens présents, celui-là nous les fait aimer; celui-là encore nous jette dans l'admiration devant les marbres, les belles constructions et les riches lambris; celui-ci nous inspire le mépris de toutes ces choses et réserve nos hommages pour la philosophie : comment pourraient-ils donc s'accorder ?

2. Le Sauveur appelle l'argent un maître, non qu'il le soit par nature, mais parce que les hommes lui décernent cet empire pour leur malheur. C'est de la même manière qu'il appelle le ventre un Dieu, désignant ainsi la bassesse des adorateurs, et non la dignité de l'objet de leurs adorations; car cette bassesse est le pire des supplices, et sert à punir le captif avant qu'il subisse le dernier châtiment. Quels sont les condamnés dont le sort soit aussi déplorable que celui des infortunés qui, ayant Dieu pour maître, se dérobent à cette douce royauté pour se soumettre à la tyrannie la plus cruelle, alors qu'il en résulte pour eux des maux si graves dans le temps même de cette vie ? En effet, de là viennent les plus grandes pertes, les procès, les tribulations, les querelles, les plus rudes labeurs, l'aveuglement de l’âme, et, ce qui est le comble de tous les malheurs, la privation des biens célestes, que nous ravit l'empire de l'argent.

Lors donc qu'il nous a fait voir par toutes ces considérations combien le mépris des richesses nous est avantageux, et pour la conservation des richesses elles-mêmes, et pour le bien-être moral, et pour l'acquisition de la philosophie, et pour la consolidation de la piété, il nous dispose à regarder ce précepte comme n'étant pas au-dessus de nos forces. C'est ainsi qu'il faut procéder dans l'établissement d'une loi; elle doit être jugée praticable en même temps qu’utile. Il poursuit donc en ces termes : « Ne soyez pas en sollicitude pour votre vie, sur ce que vous aurez à manger. » Les auditeurs auraient pu lui dire : Mais quoi ? si nous donnons tout, comment pourrons-nous vivre ? Il prévient admirablement cette objection. Si dès le commencement il s'était exprimé de la sorte : « Ne soyez pas en sollicitude..., » ce langage eût paru révoltant; mais, après qu'il a montré les funestes effets de l'amour des richesses, la leçon n'est plus aussi difficile à saisir. Il ne commence pas même par formuler le précepte, il en donne auparavant la raison. C'est quand il a dit : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent », qu'il ajoute : « A cause de cela je vous le dis, ne soyez pas en sollicitude. » A cause de quoi ? A cause du mal incalculable que vous en éprouveriez. Ce n'est pas seulement dans vos biens, c'est dans les choses capitales qu'il se ferait sentir, il irait même jusqu'à ruiner votre salut; car il vous isole de la puissance, de la sagesse et de l'amour de votre Dieu. « A cause de cela je vous le dis, ne soyez pas en sollicitude. » Ce qu'il a dit touchant ce mal lui permet de donner plus d'extension à sa loi. Non seulement il nous ordonne de nous dépouiller de notre bien, mais il nous défend même d'être inquiets au sujet du nécessaire : « Ne soyez pas en sollicitude pour votre vie, sur ce que vous aurez à manger. »

Pour votre âme, dit le texte; l'âme n'a pas besoin de manger, puisqu'elle est immatérielle; c'est là une expression reçue. Du reste, bien que l'âme n'ait pas besoin d'aliments, elle ne saurait se maintenir dans le corps, si celui-ci manque de nourriture. A la suite de cet enseignement, il a recours encore à des raisonnements pour disposer les âmes à l'obéissance; il prend les uns en nous, il emprunte les autres à des exemples étrangers. Pour ce qui nous regarde, il s'exprime ainsi : « Est-ce que l'âme n'est pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? » Or, s'il nous a donné ce qui est plus, comment ne nous donnerait-il pas ce qui est moins? S'il a formé la chair qui doit être nourrie, lui refuserait-il ensuite la nourriture ? Non content donc de dire: « Ne soyez pas en sollicitude sur ce que vous mangerez et comment vous vous vêtirez, » il parle expressément du corps et de l'âme, parce qu'il devait y puiser des termes de comparaison. L'âme est une œuvre instantanée, elle reste telle que Dieu l'a faite;  tandis que le corps nous est en quelque sorte donné chaque jour. Quand il a posé cette distinction, entre  l'immortalité de l'une de ces substances et la caducité de l'autre, il poursuit en ces termes :  « Qui de vous peut ajouter une coudée à sa taille ?» Il ne s'agit pas là de l’âme, qui n'est pas susceptible d'accroissement; il n'est question que du corps, et le Sauveur nous fait comprendre que le corps se développe par l'action de la divine Providence plutôt que par l'effet des aliments. C'est la pensée que Paul exprime, en l'appliquant à d'autres objets : « Ainsi donc, ni celui qui plante, ni celui qui arrose ne sont rien; c'est Dieu qui donne l'accroissement. » I Cor., III, 7.

Après nous avoir exhortés par des exemples pris en nous-mêmes, le Christ nous exhorte par des exemples étrangers: « Voyez les oiseaux qui volent sous le ciel... » Pour que personne ne pût dire qu'il est bon de s'inquiéter du lendemain, il nous détourne d'un tel sentiment par des considérations qui portent sur de grands et de petits objets : les grands sont l’âme et le corps ; les petits sont les volatiles. — Si Dieu prend soin de ces êtres inférieurs, comment n'aurait-il pas la même attention pour vous ? — Tel était son langage, parce qu'il parlait à des hommes, à cette grande multitude dont il était entouré; il ne parle plus ainsi quand il s'adresse au diable. De quelle manière donc ? « L'homme ne vivra pas seulement de pain, il vivra de toute parole qui provient de la bouche de Dieu. » Matth., IV, 4. Il nous met sous les yeux l'exemple des oiseaux; pas d'image mieux appropriée, ni qui pût donner plus de force à son exhortation. Quelques impies cependant en sont venus à ce degré de folie qu'ils ont blâmé cet exemple. — Il ne fallait pas, disent-ils, qu'il se servit d'exemples empruntés à la nature, aux instincts nécessaires des animaux, pour exciter des volontés libres.

3. Que répondrons-nous ? — Que la volonté peut opérer en nous ce que la nature opère en eux. Le Maître ne dit pas : voyez les oiseaux, comme ils volent...; car l'homme ne peut pas voler. Il nous montre dans ces êtres l'absence de toute sollicitude; ce que nous pouvons imiter, si nous le voulons, comme l'ont bien prouvé ceux qui se sont mis à l'œuvre. Aussi devons-nous admirer la sagesse du Législateur, qui, pouvant nous présenter l'exemple des hommes, d’Élie, de Moïse, de Jean, et de tant d'autres saints, dont l'âme était exempte de toute sollicitude, met en avant l'exemple des animaux privés de raison, pour mieux frapper ses auditeurs. S'il avait rappelé le souvenir de ces justes, on aurait pu lui dire : nous ne sommes pas à la hauteur de leur vertu. En les passant sous silence, pour en appeler aux oiseaux du ciel, il coupe court à tout prétexte. En cela, du reste, il marche sur les traces de l'ancienne loi, qui renvoie l'homme à l'abeille, à la fourmi, à la tourterelle, à l'hirondelle. Et ce n'est pas un petit honneur qu'il nous fait en nous enseignant que nous pouvons acquérir par un effort de la volonté, ce que les animaux ont par la nature.

Si Dieu prend un tel soin des êtres qu'il a créés pour nous, que ne fera-t-il pas pour nous-mêmes ? s'il traite ainsi les serviteurs, comment traitera-t-il les maîtres ? C'est pour cela qu'il disait : « Regardez les oiseaux du ciel... » Il n'ajoute pas : qui ne font aucun trafic usuraire; — car c'est là une chose mauvaise en soi. Il ajoute donc : « Qui n'ensemencent ni ne moissonnent. » — Eh quoi, me direz-vous, ne faudra-t-il pas ensemencer la terre ? — Il ne le dit pas, il dit seulement qu'il faut être sans sollicitude; il ne condamne pas le travail, il blâme la faiblesse et les soucis qui nous consument; il ne nous défend pas l'usage des aliments, mais il veut que nous en usions sans préoccupation.

Toutes nos richesses viennent de la divine Providence

Cette doctrine, David l'avait déjà enseignée quand il s'écriait dans un langage énigmatique : « Vous ouvrez votre main, et vous répandez l'abondance sur tout ce qui respire; » puis encore : « C'est lui qui donne leur nourriture aux animaux qui nous servent, aussi bien qu'aux petits des corbeaux qui l'invoquent par leurs cris. » Psalm. CXLIV, 16; GXLVI, 9. — Et quels sont ceux, me demanderez-vous, qui furent sans sollicitude ?  —  N'avez-vous pas entendu combien je vous en ai nommés ? Outre ceux-là, n'avez-vous pas vu Jacob s'éloignant dépourvu de tout de la maison paternelle, et ne savez-vous pas quelle était sa prière : « Que Dieu me donne du pain à manger et un vêtement pour me couvrir ? » Genes., XXVIII, 20. Ce n'est pas la sollicitude, c'est une pleine confiance en Dieu qui parle de la sorte. Les apôtres montrèrent la même fermeté, en abandonnant tout sans se préoccuper de rien. Ainsi firent également les cinq mille d'abord, et puis les trois mille. Toutes ces leçons ne peuvent-elles vous résoudre à briser vos chaînes, renoncez du moins à vos soucis, en songeant combien ils sont inutiles : « Quel est celui d'entre vous qui pourrait, à force de s'en préoccuper, ajouter à sa taille une seule coudée ? » Par des choses manifestes, il rend évidentes celles qui nous sont cachées. De même qu'il vous est impossible d'ajouter le moins du monde à votre taille, malgré tous vos efforts; de même vous ne sauriez vous créer des aliments, bien que vous pensiez le contraire. Cela nous apprend aussi que tout s'accomplit, non par nos soins, mais par l'action de la divine Providence, en ce qui même nous parait dépendre de nous; de telle sorte que, si Dieu nous abandonnait, ni soins, si sollicitudes, ni labeurs, ni rien autre ne nous réussirait, et tout serait perdu.

4. Ne pensons pas que de tels préceptes nous soient impraticables; car il en est beaucoup qui les suivent encore aujourd'hui. Si vous l'ignorez, ce n'est pas étonnant, puisque le prophète Elie lui-même se croyait seul, quand il entendit cette parole : « Je me suis réservé sept mille hommes.» III Reg., XIX, 18. Il est évident qu'il existe encore aujourd'hui un grand nombre d'hommes qui mènent une vie apostolique, comme la menaient alors les trois mille et les cinq mille dont nous avons déjà parlé. Si nous ne le croyons pas, ce n'est pas qu'il manque de telles vertus sur la terre, c’est que nous en sommes nous-mêmes très éloignés. Celui qui s'adonne à l'ivresse ne croira pas facilement qu'il est des hommes sachant se limiter dans l'usage même de l'eau, bien que beaucoup de moines aient de nos jours pratiqué cette mortification. L'impudique qui ne compte plus ses chutes ne croira pas non plus qu'il soit aisé de pratiquer la virginité; ni le voleur de profession, qu'il y ait des hommes donnant volontiers leur bien : ainsi ceux qui chaque jour se livrent à de dévorantes préoccupations, n'embrasseront pas facilement cette doctrine. Qu'un grand nombre soient parvenus à la réaliser dans leur vie, nous pourrions le démontrer sans peine par les exemples qui nous en sont donnés jusque dans la génération présente; mais pour le moment qu'il me suffise de vous apprendre à secouer le joug de l'avarice, à voir dans l'aumône un grand bien et de plus un rigoureux devoir. Si vous l'accomplissez, mon bien-aimé, vous y parviendrez bientôt. Commençons par rejeter toute la superfluité du luxe, par vivre heureux dans la simplicité, par ne demander le nécessaire qu'à de légitimes travaux. Le bienheureux Jean, parlant aux hommes du fisc aussi bien qu'aux soldats, leur ordonnait de se contenter de leur salaire. Il eût voulu sans doute les élever à une plus haute philosophie; mais, ces hommes n'étant pas encore capables de la comprendre, il se borna à leur transmettre un enseignement plus humble, de peur qu'ils n'eussent pas écouté des leçons plus sublimes et qu'ils n'eussent même perdu les autres.

C'est le motif qui nous oblige nous-même à vous exercer dans ces premiers degrés. Nous savons que pour le moment il serait au-dessus de vos forces de renoncer à vos biens, et que vous êtes aussi loin de cette philosophie que la terre est loin du ciel. Gardons du moins les premiers préceptes; et ce ne sera pas encore pour nous une médiocre consolation, bien que plusieurs d'entre les Grecs se soient dépouillés de tout, sans avoir, il est vrai, les dispositions intérieures que réclame un tel dépouillement. Ce sera déjà beaucoup si nous obtenons que vous fassiez largement l'aumône; plus tard nous obtiendrons davantage, si vous continuez à progresser. Dans le cas contraire, quel espoir de pardon aurions-nous, demeurant inférieurs aux philosophes de la Grèce, alors qu'il nous était ordonné de surpasser les saints de l'ancienne loi ? Enlever, convoiter même le bien d'autrui, ce n'est pas digne d'un homme, qui est naturellement doux, c'est d'une bête féroce. Ils sont même pires, ceux qui spolient le prochain; car les bêtes agissent ainsi par instinct, tandis que nous, méconnaissant le privilège de la raison, nous sortons de notre nature pour tomber dans l'ignominie. Encore une fois, méritons-nous quelque indulgence ?

Considérant donc les limites que la divine philosophie nous a posées, tâchons du moins d'atteindre une vertu moyenne, afin d'échapper aux supplices à venir, et de nous élever ensuite par degrés au faîte même de la béatitude. Puissions-nous tous y parvenir par la grâce et l'amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui gloire et puissance dans les siècles des siècles. 

Ainsi soit-il.