Saint Jean Chrysostome
Homélie sur la Pentecôte
1. C'est avoir des sentiments judaïques que de se présenter devant Dieu, trois fois dans l'année seulement. Il a été dit aux Juifs: « Trois fois dans l'année vous vous présenterez devant le Seigneur votre Dieu. » Exod., XXIII, 17. Mais pour nous, Dieu veut que nous paraissions sans cesse en sa présence. Chez les Juifs, c'était la distance des lieux qui restreignait leurs assemblées à un si petit nombre. Comme les cérémonies religieuses s'accomplissaient en un lieu déterminé à l'exclusion de tout autre, il s'ensuivait que rarement les Juifs pouvaient y être réunis et y paraître. C'est à Jérusalem qu'il fallait venir pour adorer Dieu; ailleurs impossible : c’est pourquoi il n'était ordonné de se présenter que trois fois l'année devant le Seigneur. La longueur des voyages était encore pour les Juifs une excuse : pour nous vainement en invoquerions-nous une ombre. Les Juifs étaient disperses sur toute la terre. « Il y avait à Jérusalem des Juifs, gens religieux, venus de toutes les contrées situées sous le ciel. » Act., II, 5. Nous, au contraire, nous habitons tous la même cité, nous résidons dans les mêmes remparts, souvent même n'avons-nous qu'un pas à faire pour arriver à l'église ; et cependant notre présence ici est aussi rare que si de vastes mers nous séparaient.
Pour un chrétien, chaque jour est une fête
Le Seigneur n'avait ordonné aux Juifs de se mettre en fête que trois fois l'an; mais nous, il veut que nous y soyons toujours ; puisque pour nous chaque jour est une solennité. Afin de vous montrer que chaque jour est réellement pour nous une solennité, je rappellerai l'objet de nos fêtes, et vous comprendrez la justesse de mes paroles. La première de nos fêtes est l’Épiphanie. Or que rappelons-nous dans cette fête ? « Que Dieu a été vu sur la terre, et qu'il a conversé avec les hommes; » Baruc., Ill, 38; que le Fils unique de Dieu, Dieu lui-même, est venu au milieu de nous. Mais il en est toujours ainsi. « Voici, nous dit-il, que je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles. » Matth., XXVIII, 20. Aussi tous les jours pouvons-nous fêter l’Épiphanie. Que se propose la fête de Pâques ? Quel en est l'objet ? Annoncer la mort du Seigneur, voilà ce qu'est la Pâque; mais ce n'est pas seulement à cette époque déterminée que nous la faisons. Paul voulant nous affranchir de la nécessité d'observer les temps, nous fait voir qu'il est possible de célébrer en tout temps la Pâque. « Toutes les fois que vous mangerez ce pain et que vous boirez ce calice, nous dit-il, vous annoncerez la mort du Seigneur.» I Corinth., XI, 26. Dès lors que nous pouvons annoncer en tout temps la mort du Seigneur, nous pouvons en tout temps célébrer la Pâque.
Vous prouverai-je encore que la fête de ce jour peut se célébrer tous les jours, et même qu’elle est de tous les jours ? Examinons quel en est le sujet et dans quel but nous la célébrons. Nous la célébrons parce que l'Esprit est venu parmi nous. Or comme le Fils unique de Dieu, l'Esprit saint habite le cœur des fidèles. Et où en est la preuve ? « Celui qui m'aime, disait le Sauveur, observe mes commandements; et je prierai mon Père; et il vous donnera un autre Paraclet, afin qu'il demeure avec vous à jamais, l'Esprit de vérité. » Joan., XIV, 15-17. De même que le Christ a dit à son propre endroit: « Voici que je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles; en sorte que nous avons toujours sujet de célébrer l’Épiphanie; de même il a dit de l'Esprit saint : « Il restera avec vous à jamais;» et nous avons lieu de célébrer une Pentecôte continuelle.
2. Pour bien comprendre qu'il nous est permis de célébrer une fête continuelle, que les sujets n'en sont pas limités, et que nous ne sommes assujettis à aucune nécessité de temps, écoutez le langage de Paul : « Mettons-nous donc en fête. » I Corinth., V, 8. Pourtant quand il écrivait ces mots, ce n'était pas un jour de solennité : ce n'était ni la Pâque, ni l’Épiphanie, ni la Pentecôte. C'est qu'il trouvait la condition essentielle d'une fête, non dans le temps, mais dans la pureté de conscience. Qu'est-ce qu'une fête, sinon de la joie; et qu'est-ce qui produit la joie spirituelle, sinon la conscience de nos bonnes œuvres ? Conséquemment, celui dont la conscience est pure et dont les œuvres sont bonnes, peut célébrer une fête continuelle. C'est ce que Paul donnait à entendre quand il disait : « Mettons-nous donc en fête, non selon le vieux levain, le levain de malice et de perversité, mais selon les azymes de la sincérité et de la vérité.» I Corinth., V, 8. Vous le voyez, il ne vous astreint à aucune nécessité de temps; il vous exhorte uniquement a conserver votre conscience pure. Je voudrais bien consacrer notre entretien tout entier à cette question. Lorsque nous possédons, après une longue absence, des personnes qui nous sont chères, nous ne les laissons pas facilement s'en aller. Et nous aussi, puisque vous êtes venus, après une année, vous engager dans nos filets, nous ne consentirions pas à vous renvoyer aujourd'hui. Mais il ne faut pas non plus que vous vous retiriez sans avoir oui quelque enseignement sur la solennité présente : nous quitterons donc cette exhortation pour vous entretenir du sujet de cette fête.
A la Pentecôte nous recevons des biens spirituels
Des biens nombreux sont descendus à plusieurs reprises du ciel sur la terre en faveur du genre humain; mais des biens pareils à ceux d'aujourd'hui, il n'y en a jamais eu précédemment. Voyez quels sont les biens d'autrefois et les biens d'aujourd'hui, afin d'en mieux saisir la différence. « Dieu a fait tomber la manne sur la terre; il a donné aux hommes un pain céleste : l'homme a mangé le pain des anges. » Psalm.XXVII, 24. Voilà sans doute un grand bienfait, un bienfait digne de la tendresse de Dieu pour les hommes. D'autre part, ce fut le feu qui descendit du ciel; il guida les Hébreux dans leur voyage; il dévora la victime sur l'autel. La faim consumant le peuple juif, une pluie lui fut encore envoyée, laquelle amena des moissons abondantes. Ces biens sont grands et admirables; mais les biens du jour présent le sont encore davantage. Ce n'est ni la manne, ni le feu, ni la pluie qui nous est aujourd'hui envoyée; c'est un torrent de dons spirituels: les nuées qui descendaient des cieux ne viennent pas ranimer la fertilité de la terre, mais faire naître dans la nature humaine la résolution d'offrir au Maître des hommes une moisson de vertus. Ceux qui reçurent une seule de ces gouttes divines oublièrent sur-le-champ ce qu'ils étaient, et en un moment une foule d'anges peuplèrent la terre; non des anges célestes, mais des anges qui dans un corps humain, déployaient la vertu des puissances incorporelles elles-mêmes. Les anges ne descendirent pas du ciel sur la terre; chose plus surprenante encore, les habitants de cette terre s'élevèrent jusqu'à la vertu des anges; et cela, non que leurs âmes rejetant la chair à laquelle elles étaient unies aient pris leur essor, mais c'est par la volonté, en conservant leur nature, qu'ils ont atteint la perfection angélique.
Au surplus, le premier châtiment que Dieu infligea à l'homme quand il lui dit: « Tu es terre, et tu retourneras dans la terre, » Genes., III, 19, n'en était pas précisément un ; aussi vous a-t-il permis de rester sur la terre afin que la puissance de l'Esprit éclatât d'autant plus qu'il se servait de corps terrestres pour opérer ses prodiges. On voyait alors une langue d'argile commander au démon; une main d'argile guérir les maladies; que dis-je, une main d'argile ? spectacle bien plus surprenant, l'ombre de ces corps d'argile était victorieuse de la mort et des puissances incorporelles, je veux dire des démons.
De même qu’à l’apparition du soleil les ténèbres s'évanouissent, les bêtes féroces rentrent dans leurs repaires, les brigands, les meurtriers, les violateurs de tombeaux, regagnent le sommet des montagnes; de même, dès que Pierre se montrait, dès que retentissait sa voix, les ténèbres de l'erreur étaient dissipées, le diable disparaissait, les démons prenaient la fuite, les souffrances corporelles s'évanouissaient, les maladies des âmes étaient guéries, le vice était vaincu, la vertu revenait sur la terre. Si peu que l'on prit dans les trésors impériaux où l'on conserve précieusement tant d'or et de pierreries, ne serait-ce qu'une seule pierre précieuse, celui qui la posséderait en serait considérablement enrichi. La bouche des apôtres accomplissait le même prodige. C'était comme un trésor impérial rempli de remèdes souverains, et dont il ne sortait pas de parole qui ne procurât des richesses spirituelles en abondance. Alors on voyait en toute vérité que la parole du Seigneur est plus désirable que l'or et les pierres précieuses; car ce que ni l'or ni les pierres précieuses ne pouvaient faire, la parole de Pierre le faisait. Quels talents d'or eussent pu redresser un boiteux de naissance ? Eh bien, la parole de Pierre a pu guérir une pareille infirmité. Il dit: « Au nom de Jésus-Christ, lève-toi et marche; » et il fut fait selon sa parole. Act., III, 6.
Voyez-vous combien elle l'emporte sur l'or et les plus nombreuses pierreries ? Psalm. XVIII, 11. Voyez-vous comment la bouche des apôtres était un véritable trésor royal ? En vérité, voilà bien les médecins de l'univers, ses cultivateurs, ses pilotes : ses médecins, puisqu'ils guérissaient les malades; ses cultivateurs, puisqu'ils semaient la parole religieuse; ses pilotes, puisqu'ils apaisaient la tempête de l'erreur. C'est pourquoi le Sauveur leur disait tantôt : « Allez, guérissez les malades, » s'adressant à eux comme à des médecins; Matth., X, 8; tantôt : « Voici que je vous envoie moissonner là où vous n'avez pas travaillé; » s'adressant à eux comme à des cultivateurs; Joan., Iv, 38; ailleurs : « Je ferai de vous des pêcheurs d'hommes; » Matth., IV, 19; ou bien, s'adressant à Pierre : « Ne crains pas; désormais ce sont des hommes que tu prendras; » Luc., V, 10; les considérant comme des pêcheurs et des pilotes. Il faut voir aussi les prodiges succéder aux prodiges. La nature humaine est montée il y a dix jours jusqu'au trône suprême, et aujourd'hui l'Esprit saint descend sur elle. Le Seigneur emporte dans les cieux les prémices de l'humanité, et il en fait descendre le Saint-Esprit.
Un autre Seigneur nous distribue ses biens; car l'Esprit saint est également Seigneur, le Père, le Fils, le Saint-Esprit ayant partagé entre eux l'économie de notre rédemption. Dix jours ne s'étaient pas encore écoulés depuis l'ascension du Christ qu'il nous avait envoyé ces dons spirituels, ces gages de notre réconciliation. Afin que l'on ne fût point dans le doute et que l'on ne demandât pas avec embarras : Qu'est-ce que le Christ est allé accomplir dans les cieux; nous a-t-il réconciliés avec son Père; l'a-t-il fléchi en notre faveur ? le divin Maître, pour nous montrer que la réconciliation était opérée, nous en a envoyé aussitôt les gages. Quand deux ennemis ont été réconciliés et rapprochés, la réconciliation est suivie d'invitations, de festins, de présents C'est ainsi que nous avons donné la foi et reçu du ciel les grâces de l’Esprit. Que nous avons donné l’obéissance, et que nous avons reçu la justice.
3. Que le Saint-Esprit nous ait été donné comme un signe de notre réconciliation avec Dieu, c'est un point dont je vais essayer de vous persuader au moyen des Écritures. Je commencerai par établir une proposition en quelque sorte opposée, et par montrer que Dieu nous refuse la la grâce de l'Esprit lorsqu'il est irrité. Une fois persuadés que l'absence de l'Esprit saint est une marque de la colère divine, quand vous le verrez envoyé de nouveau, vous comprendrez que Dieu ne nous aurait pas envoyé l'Esprit de sainteté si nous n'eussions été réconciliés avec lui: Et ou trouverons-nous un exemple convenable ? Le vieillard Héli était un homme remarquable du reste par l'honnêteté et la gravité de ses mœurs, mais qui ne savait point châtier la perversité de ses enfants, et qui les aimait au delà de toute mesure. Écoutez, vous tous qui avez des enfants, afin d'apporter une mesure dans votre affection pour eux et dans les convenances. Héli par cette conduite ayant provoqué l'indignation divine, le Seigneur entra dans une telle fureur qu'il détourna ses regards de la nation tout entière. L'historien qui raconte ces faits, voulant montrer quel degré atteignait l'aversion du Seigneur, s'exprime ainsi : « La parole était précieuse; et il n'y avait point de vision manifeste. » I Reg, III, 1. Le mot précieuse signifie: rare : par où l'historien nous apprend combien était rare alors le don de prophétie. Un autre écrivain qui gémissait et se lamentait sur la colère de Dieu, disait aussi: « Et en ce temps il n'y a plus ni prince, ni prophète. » Dan. III, 38. Et l’Évangéliste ajoute à son tour : « Le Saint-Esprit n'avait pas été donné parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié.» Joan., VII, 39. Comme Jésus, veut-il dire, n'avait pas encore été crucifié, l'Esprit saint n'avait pas été donné aux hommes. Le terme glorifié a la même signification ici que crucifié. Quoique la croix fut une chose ignominieuse, parce qu'il s'y soumettait par amour pour les hommes, le Christ la qualifiait de glorieuse. Et pourquoi, dites-moi, l’Esprit n’a-t-il point été donné avant la croix ? - Parce que le péché, les prévarications, la haine, l'opprobre étaient le partage de la terre, l'Agneau qui a effacé les péchés du monde n'ayant pas encore été immolé. Or, le Christ n'ayant pas été crucifié, la réconciliation n'était pas accomplie. La réconciliation n'étant pas accomplie, l'Esprit saint n'était pas non plus envoyé, devant être envoyé comme gage de la la réconciliation. C'est pourquoi le Christ disait à ses disciples: « Il vous importe que je m'en aille; si je ne m'en vais pas, l'Esprit ne viendra pas. » Joan., XVI, 7. Si je ne m'en vais pas et si je n'apaise pas le Père, je ne vous enverrai pas de le Paraclet. Voyez-vous par combien de textes nous vous montrons que l'un des signes de la colère de Dieu contre les hommes, c'est l'absence du Saint-Esprit parmi nous ? « La parole était précieuse; et il n'y avait pas de vision manifeste. — Il n'y a plus en ce temps ni prince, ni prophète. — L'Esprit saint n'avait pas été donné, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié. — Il vous importe que je m'en aille; si je ne m'en vais pas, l'Esprit saint ne viendra pas. "I Reg., III, 1; Dan. III, 38; Joan., VII, 39; Joan., XVI, 7, L'absence du Saint-Esprit est donc un indice de la colère de Dieu. Par contre, quand vous verrez le même Esprit répandu avec abondance, ne doutez plus de la réconciliation. — Et où est maintenant, demandera-t-on, l'Esprit saint ? Vous avez raison en ce qui regarde le temps où s'accomplissaient des miracles, où les morts étaient ressuscités, tous les lépreux guéris. Mais quel signe donner maintenant de la présence de cet Esprit parmi nous ? - Ne vous troublez pas; je vais vous montrer qu'aujourd'hui aussi nous possédons l'Esprit saint. Comment et de quelle manière ? Si nous n'avions pas l'Esprit saint au milieu de nous, comment les fidèles qui ont été illuminés dans la nuit précédente auraient-ils été délivrés de leurs péchés ?
Car il est impossible, sans l'intervention du Saint- Esprit, que nous en soyons délivrés. Écoutez le langage de Paul à ce sujet: « Nous étions nous-mêmes autrefois insoumis, incrédules, égarés, asservis à toute sorte de passions. Mais depuis que la bénignité et la tendresse de Dieu notre Sauveur ont paru, il nous a sauvés, non en considération des œuvres de justice que nous avons faites, mais par sa miséricorde, en nous faisant renaître par le baptême, et en nous renouvelant par le Saint-Esprit. » Tit., III, 3-5. « Ne vous y trompez pas, dit-il ailleurs; ni les sel impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les avares, ni les intempérants, ni les médisants, ni les ravisseurs du bien d'autrui, ne posséderont le royaume de Dieu.» I Corinth., VI, 9-10. Il met sous vos yeux toutes les espèces de vices. «Voilà, poursuit-il, ce que vous-mêmes avez été; mais vous avez été purifiés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés. » Ibid.,11.
— Et de quelle manière ? car nous cherchons si nous devons au Saint-Esprit d'avoir été déchargés de nos iniquités. - Prêtez donc l'oreille : « Mais vous avez été sanctifiés, vous avez été purifiés par le nom du Seigneur Jésus et l'Esprit de notre Dieu» Voyez-vous toutes ces souillures effacées par l'Esprit saint ?
4. Et maintenant viennent ceux qui blasphèment contre la dignité du divin Esprit ! S'il ne remet pas les péchés, c'est vainement que nous le recevons dans le baptême; s'il remet les péchés, c'est à tort que les hérétiques dirigent contre lui leurs blasphèmes. Sans l'Esprit saint nous ne pourrions même pas prononcer le nom du Seigneur Jésus. « Personne ne saurait prononcer le nom du Seigneur Jésus, si ce n'est par la vertu de l'Esprit saint. » I Corinth., XII, 3. Sans l'Esprit saint, nous ne pourrions pas, nous fidèles, invoquer Dieu. Nous disons, en effet : «Notre Père qui êtes dans les cieux. » Or, de même qu'il nous est impossible sans le Saint-Esprit d'invoquer le nom du Seigneur, il nous un est également impossible de donner à Dieu le nom de père. — Et où en est la preuve ? - Dans ces mots du même apôtre : « Comme vous êtes encore ses enfants, Dieu a envoyé dans vos cœurs l'Esprit de son Fils qui crie Abba, c'est-à-dire, Père. » Galat., IV, 6. Lors donc que vous invoquerez votre Père, souvenez-vous que vous ne donneriez pas à Dieu ce nom, si l'Esprit n'y avait pas sollicité votre âme. Sans l'Esprit saint non plus, le don de sagesse et de science ne résiderait point dans l’Église. « A l'un l'Esprit saint communique le don de sagesse; à l'autre le don de science. » I Corinth., XII, 8. Sans l'Esprit saint, il n'y aurait dans l’Église ni pasteurs, ni docteurs. C'est lui qui fait les uns et les autres, selon cette sentence de Paul: « L'Esprit saint vous a établis pasteurs et docteurs. » Act., XX, 28.
Voyez-vous encore ici l'intervention de l'Esprit ? Si l'Esprit saint n'habitait en notre commun père et docteur, notre évêque, lorsque tout à l'heure il est monté sur cette chaire sacrée et qu'il vous a donné à tous la paix, vous ne vous seriez pas écriés d'une seule voix. « Et avec votre Esprit.» Aussi, n'est-ce pas seulement lorsqu'il monte sur cette chaire, qu'il vous adresse la parole, ou qu'il prie pour vous, que vous faites entendre cette réponse; mais encore lorsqu'il est debout devant cette table sainte. Les initiés savent ce que je veux dire; avant de toucher aux offrandes, il commence toujours par demander à Dieu sa grâce pour vous; à quoi vous répondez par ce cri: « et avec votre Esprit, » vous rappelant à vous-mêmes par cette réponse que la personne visible n'est pour rien dans ce qui s’accomplit, que les offrandes déposées sur l'autel ne sont pas l'œuvre de la nature humaine, mais que c'est la grâce de l'Esprit saint qui, présente et répandue au milieu de nous, accomplit ce sacrifice mystique. Quoique la personne visible soit un homme, elle est l'instrument de l'action divine.
Pourquoi il n’y a plus de don des langues aujourd’hui
Ne vous arrêtez donc pas à la nature de celui que vous apercevez; pensez à la grâce que vous n'apercevez pas : aucune n'est humaine des choses qui s'accomplissent dans ce sanctuaire.
Si l'Esprit n'était présent au milieu d'elle, l’Église ne subsisterait pas : que si elle subsiste, c'est un signe évident de la présence de l'Esprit. — Pourquoi cependant, dira quelqu'un, n'y a-t-il pas maintenant de miracles ? Prêtez-moi plus encore une attention soutenue. Bien des fois, incessamment même, j’entends une foule de gens me demander : Pourquoi autrefois avait-on le don des langues après le baptême, et en est-on privé aujourd'hui ? - Apprenons d'abord ce qu'il faut entendre par le don des langues, et nous répondrons ensuite à la question posée.
Qu'est-ce donc que le don des langues? Il consistait à parler, aussitôt le baptême reçu, la langue des Indiens, des Égyptiens, des Perses, des Scythes, des Thraces; en sorte que le même homme parlait plusieurs langues, et que si nos nouveaux chrétiens eussent reçu le baptême à cette époque, vous les auriez entendus parler sur-le-champ plusieurs langues. Il est raconté que Paul ayant trouvé quelques individus qui avaient reçu le baptême de Jean, leur adressa cette question: « Avez-vous reçu le Saint-Esprit depuis que vous croyez ? Ils lui répondirent : Nous ne savons même pas s'il y a un Saint-Esprit. » Et Paul les fit baptiser immédiatement. « Et lorsqu'il leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit descendit sur eux, et ils parlaient tous diverses langues.» Act., XIX, 2-6. Quelle est donc la raison pour laquelle cette faveur n'est plus aujourd'hui accordée aux hommes ? Ce n'est pas une injure que Dieu prétend nous faire; c'est plutôt un honneur. Comment cela ? Je vais vous le dire.
Les sentiments des premiers fidèles étaient ceux d'hommes bien peu éclairés. Affranchis tout récemment du culte des idoles, ils avaient des idées très grossières et fort peu de jugement: tandis que les choses matérielles attiraient leur curiosité et leur attention, ils n'avaient absolument aucune intelligence de dons incorporels, et ils ne savaient en aucune façon ce que c'est qu'une grâce spirituelle et visible à la seule lumière de la foi. Voici pourquoi il y avait alors des miracles : parmi les grâces de l'Esprit, il y en a qui sont invisibles et accessibles à la foi seulement; mais il y en a d'autre qui se manifestent par des signes sensibles, afin d'avoir prise sur les infidèles. La rémission des péchés, par exemple, est une chose spirituelle une grâce invisible, car, comment nos péché, sont effacés, nous ne le voyons pas par les yeux de la chair. Pourquoi ne le voyons-nous pas ? Parce que c'est notre âme qui est alors purifiée et que les yeux du corps ne sauraient voir l'âme. La rémission des péchés est, par conséquent, un don spirituel qui ne saurait être sensible aux yeux du corps. D'un autre côté, parler plusieurs langues est pareillement un effet de la vertu immatérielle de l'Esprit; ce don néanmoins se manifeste par un signe sensible, et de cette façon peut être saisi par les infidèles. En effet, les sons que la langue fait entendre au dehors, traduisent et démontrent, pour ainsi parler, l'action invisible qui s'exerce dans l'intérieur de l'âme. De là ce langage de Paul : « Les dons par lesquels l'Esprit se manifeste sont accordés à i chacun pour son utilité. » I Corinth.,XIII, 7. Or, moi, maintenant, je n'ai aucun besoin de prodiges. - Pourquoi ? - Parce que j'ai été instruit à la foi envers le Seigneur sans l'intervention d'aucun miracle. Il faut des garanties à celui qui ne croit pas. Mais moi qui crois, je n'ai besoin ni de garantie, ni de miracle; et, encore que je ne parle pas plusieurs langues, je sais fort bien que j'ai été purifié de mes péchés. Autrefois, au contraire, on n'aurait pas cru, s’il n'y avait point eu de miracles. De sorte que les miracles ont été donnés en garantie non à la foi, mais à l'incrédulité afin qu'elle fit place à la foi.
Paul lui-même l'assure: « Les miracles ne s'adressent pas à ceux qui croient, dit-il, mais à ceux qui ne croient pas. » I Corinth., XII, 22. Vous le voyez : ce n'est pas pour nous faire injure, mais au contraire par considération pour nous que Dieu a fait cesser le témoignage des miracles. Comme il veut mettre en relief notre foi, et montrer qu'elle n'a besoin ni de garanties ni de prodiges, il agit de cette façon. Tandis que, à l'origine, sans des garanties et des miracles, les hommes n’eussent point cru aux choses invisibles que Dieu nous a révélées; pour moi, je lui accorde, en dehors de cette condition, une foi pleine et entière. — Telle est la raison pour laquelle il ne s'accomplit plus aujourd'hui de tels prodiges.
5. Je désirais aussi vous parler du sujet de cette fête, vous expliquer ce qu'est la Pentecôte, pourquoi c'est en ce jour que la grâce de l'Esprit nous a été donnée, pourquoi sous la forme de langues de feu, pourquoi au bout de dix jours.
Mais, le développement de ces divers points devant m'entrainer trop loin, je me bornerai à quelques observations avant de terminer ce discours. « Lorsque les jours de la Pentecôte furent écoulés, les apôtres virent apparaître des langues divisées semblables à du feu. » Act., II, 1-3. II n'est point dit, des langues de feu, mais, des langues 'semblables à du feu’; afin que vous ne prêtiez à l'Esprit rien de matériel. De même que l'on vit descendre, sur la rive du Jourdain, non une colombe, mais ‘l'apparence d'une colombe’; de même ici on voit descendre non du feu, mais l'apparence du feu. Nous lisons plus haut : « Un bruit se fit entendre, pareil à un vent violent qui approche; » un bruit ‘pareil à un vent violent qui approche’, et non, le bruit d'un vent violent. Act. I, 2. Pourquoi Ézéchiel a-t-il reçu le don de prophétie au moyen d'un livre, et non, sous l'image d'un feu; tandis que les apôtres reçoivent les dons du Saint-Esprit de cette dernière manière ?
L’Écriture raconte d’Ézéchiel qu'on mit dans sa bouche un livre sur lequel étaient retracées des lamentations, des chants et des malédictions, un livre écrit au dedans et au dehors; que le prophète dévora ce livre, et que ce livre remplit sa bouche de la saveur d'un miel délicieux. Ezech., II, 9. Des apôtres, elle ne dit rien de semblable; mais seulement : « Ils virent apparaître des langues divisées semblables à du feu. » Pourquoi là un livre et des caractères, ici des langues et du feu ? C'est qu’Ézéchiel devait aller déclarer la guerre au péché, et pleurer les calamités du peuple; tandis que les apôtres devaient aller effacer les péchés de l'univers. A cause de cela le premier reçoit un livre qui lui rappellera les calamités à venir; les autres, au contraire, reçoivent du feu pour consumer les péchés de la terre entière, et les exterminer tous sans exception. Des épines, lorsqu'elles deviennent la proie du feu, ne tardent pas à être entièrement consumées; ainsi la grâce de l'Esprit consumait les péchés des hommes. Sur ces entrefaites, les Juifs stupides, qui auraient dû, saisis de surprise et d'effroi, se prosterner devant l'auteur de ce don, font éclater une fois de plus la démence qui les caractérise en accusant d'ivresse les apôtres que l'Esprit saint a remplis. « Ils sont gorgés de moût, » s'écrient-ils. Act., II, 13. Considérez ici l'ingratitude des hommes, et admirez la bienveillance des anges. Lorsque ceux-ci voyaient les prémices de l'humanité transportées dans les cieux, ils se réjouissaient et s'écriaient : « Élevez vos portes, ô princes; portes éternelles, élevez-vous, et le roi de gloire entrera. » Psalm. XXIII, 7.
Les hommes voient descendre sur nous la grâce de l'Esprit, et ils accusent d'ivresse ceux qui l'ont reçue, et ils ne s'aperçoivent pas que la saison où ils sont les condamne; car, au printemps, il ne saurait y avoir de moût, et l'on était alors au printemps.
Mais laissons-les de côté pour nous arrêter devant le bienfait dont nous sommes redevables à la charité de Dieu. Le Christ avait pris les prémices de notre nature; il nous a donné en retour la grâce de l'Esprit. De même qu'après une longue guerre, quand les combats sont finis et que la paix est faite, les adversaires échangent des gages et des otages réciproques; ainsi en fut-il de Dieu et de la nature humaine. Celle-ci envoya comme gage et comme otage au Seigneur les prémices qu'a emportées le Christ. A son tour, le Seigneur nous envoie comme gage et comme otage l'Esprit saint. Que ce soient des gages et des otages véritables, en voici la preuve: les otages doivent être ordinairement de race royale. Or c'est pour cela que le Saint-Esprit nous a été envoyé, comme étant d'une race éminemment royale: De même, il était de race royale, l'otage que nous avons livré, puisqu'il était de la race de David. Aussi je ne crains plus, maintenant que notre humanité est assise dans les cieux. Ainsi, vous auriez beau me représenter le ver qui ne meurt pas, le feu qui ne s'éteint pas, les autres supplices et les autres châtiments, je ne craindrai plus désormais; ou plutôt, je crains encore, mais je ne désespère plus de mon salut. Si Dieu n'eût point arrêté dans ses desseins de combler la race humaine de bienfaits, il n'en aurait pas reçu les prémices dans le ciel. Auparavant, nous ne pouvions lever les yeux au ciel et considérer les puissances incorporelles sans ressentir plus vivement, par suite de cette comparaison, notre bassesse. Désormais, lorsque nous voudrons contempler la noblesse de notre destinée, nous n'aurons qu'à porter nos regards vers le ciel, sur le trône royal; car c'est là que siègent nos prémices. Un jour le Fils de Dieu descendra de ce ciel pour nous juger.
Tenons-nous sur nos gardes afin de ne pas déchoir de tant de gloire. Il viendra sûrement, et il ne tardera pas, notre commun Maître. Il viendra suivi de ses armées, des archanges, les bataillons des martyrs, les chœurs des justes, des apôtres et des prophètes; milices spirituelles au milieu desquelles le souverain brillera d'une ineffable et incompréhensible gloire.
6. A nous donc de faire tous nos efforts pour la ne pas déchoir de cette belle destinée. Vous parlerai-je encore de ce qu'il y aura d'effrayant ?
Ne croyez pas que je veuille vous causer de la peine; je ne me propose en ceci que votre bien.
Alors un fleuve de feu roulera ses flots devant ce juge; alors les livres seront ouverts; alors sera dressé un tribunal terrible et redoutable. C'est qu'on y lira, comme devant la justice humaine, le journal de notre vie, car ces livres sont bien souvent mentionnés par les prophètes. « Pardonnez-leur ce péché, dit Moïse, ou bien effacez-moi du livre que vous avez écrit. » Exod., XXXII, 32. « Ne vous réjouissez pas, disait le Christ à ses disciples, de ce que les démons vous sont soumis. Réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux. » Luc., X, 20. Le prophète David disait pareillement: « Tous seront inscrits dans votre livre. Nos jours étaient comptés, et il n'en existait aucun encore. » Psalm. GXXXVIII, 16. Qu'ils soient effacés du livre des vivants, ajoutait-il ailleurs, et qu'ils ne soient pas inscrits au nombre des justes. » Psalm. LXVIII, 29.
Voyez-vous les uns effacés et les autres inscrits ? Vous montrerai-je que ces livres portent non seulement les noms des justes, mais que nos péchés y sont écrits ? C'est un jour de fête; apprenons-y les choses capables de nous soustraire au châtiment : ce sujet est effrayant à la vérité, mais bien important et bien utile, puisqu'il nous préserve d'une triste expérience. Instruisons-nous donc de ce point, que toutes nos prévarications sont écrites, et que tout ce que nous disons sur la terre est rapporté sur-le-champ et écrit dans le ciel. Et qu'est-ce qui le prouve ? car, en semblable matière, une simple affirmation ne suffit pas. Malachie disait aux Juifs : « Malheur à vous qui provoquez le Seigneur. - Et comment, répliquaient-ils, l'avons-nous provoqué ? - En ce que vous dites : Tout homme qui fait le mal est juste néanmoins devant Dieu. » Malach. II, 17. Langage de méchants serviteurs. Et pourtant, disent-ils, Dieu se complaisait en eux, en des hommes pervertis et qui ne l'ont jamais servi. Voilà que nous avons observé ses recommandations, et nous estimons heureux ceux qui ont agi différemment. » Malach., III, 14-15. Nous accomplissons tous les jours ses ordres, et les autres jouissent de la prospérité. Ainsi parlent souvent des maîtres les serviteurs. Qu'un homme tienne de tels propos sur le compte d'un homme, il n'y a rien de bien sérieux en cela, quoique ce ne soit pas dépourvu de gravité. Mais, parler sur ce ton du Maître de l'univers, du meilleur et du plus miséricordieux des maîtres, c'est une conduite digne d'une condamnation irrévocable et des derniers châtiments. Pour vous convaincre que de telles paroles sont inscrites là-haut, écoutez ces mots du Prophète : « Voilà que ces choses ont été écrites dans le livre des vivants pour servir de monument en présence de Dieu. » Malach., III, 16.
S'il en est ainsi, ce n'est pas que Dieu, pour rappeler tel ou tel jour, doive nous présenter ce livre à la fois comme témoin et comme accusateur. Peut-être ai-je rempli votre âme de crainte; mais avant d'en remplir votre âme, mon âme en a été remplie la première. Mettons donc un terme à ce discours, ou plutôt à cet effroi. Mais non, au lieu de dissiper cet effroi, je veux l'adoucir. Oui, qu'il demeure pour purifier nos âmes; retranchons seulement ce qu'il aurait d’excessif. Et comment opérer ce retranchement ? En établissant que si nos péchés sont écrits dans le livre d'en haut, ils y sont également effacés.
Devant les tribunaux humains, tous les faits que l'une des parties peut alléguer sont écrits irrévocablement, et les effacer devient désormais impossible. Pour ce livre-ci, quoique vous disiez de mal, vous pourrez, si vous le voulez, l'effacer. Et où en est la preuve ? Dans l’Écriture. « Détournez votre face de mes péchés, et effacez toutes mes iniquités.» Psalm. L, 11.
Or on ne saurait effacer ce qui n'a pas été écrit; c'est donc parce que ses iniquités avaient été écrites que le Psalmiste demande à Dieu de les effacer. Un autre écrivain nous apprend comment elles s'effacent : « C'est par les aumônes, et par la foi, dit-il, que les péchés se purifient.» Proverb., XV, 27. Non seulement ils s'effacent, mais ils sont purifiés de telle sorte qu'il ne reste aucune trace de leur présence. Ceci ne s'applique pas seulement aux péchés écrits après le baptême; tous ceux qui l'avaient été avant ce bain salutaire sont effacés sans exception par l'eau du baptême et par la croix du Christ, conformément à ces mots de Paul : « Il a effacé la cédule qui nous condamnait et qui était contre nous. Il l'a entièrement abolie, en la clouant à la croix. » Coloss., II, 14. Voyez-vous comment a été effacée cette cédule ? et non seulement effacée, mais mise en pièces, les clous de la croix l'ayant lacérée au point qu'elle n'a plus aucune valeur. Pour ces fautes donc, elles ont été effacées par la grâce, la charité et la puissance du Christ crucifié. Quant à celles que nous commettons après le baptême, il faut de notre part un concours généreux, si nous voulons qu'elles soient effacées. Comme il n'y a pas de second baptême, nos larmes, le repentir, la confession, l'aumône, la prière, toutes les autres pratiques de la piété sont nécessaires : en sorte qu'après le baptême les péchés ne sont effacés qu'au prix de beaucoup de peines et de beaucoup de fatigues. Travaillons donc avec toute l'ardeur dont nous de sommes capables à effacer nos iniquités dès cette terre, et à éviter la confusion et le châtiment de la vie à venir. Si nombreuses que soient nos prévarications, nous n'avons qu'à le vouloir pour en déposer le fardeau. Cette volonté, ayons-la. Il vaut bien mieux, en nous soumettant ici-bas à quelques souffrances légères, conjurer d'inévitables supplices, que de passer cette courte vie dans la nonchalance, sauf à subir ces éternels châtiments.
Résumons, il en est temps, ce que nous venons de dire. Nous avons blâme les fidèles qui ne viennent dans l'église qu'une fois l'an, de ce mépris pour la nudité de leur mère, l’Église. Nous leur avons rappelé l'antique histoire d'une malédiction et d'une bénédiction relatives à un sujet semblable. Nous vous avons parlé des fêtes judaïques, et nous avons expliqué pourquoi Dieu n'imposait aux Juifs l'obligation de paraître en sa présence que trois fois l'an. Nous avons dit que les fêtes ne cessent jamais pour nous, aussi bien la Pentecôte que la Pâque et l’Épiphanie. Nous avons dit que la pureté de conscience constituait la vraie fête et non telle révolution de saisons et de jours. De là nous en sommes venus aux dons qui nous ont été envoyés du ciel. Nous avons dit qu'ils étaient un signe de réconciliation. Nous avons montré que l'Esprit saint résidait au lieu de nous, par la rémission des péchés, par la réponse que vous faites à votre évêque, par le don de science et de sagesse, par les ordinations, et par le sacrifice mystique. Nous avons dit qu'il y avait une réciprocité de gages et d'otages entre Dieu et nous. Ensuite nous avons exposé la raison pour laquelle il n'y a plus aujourd'hui de miracles. Nous vous avons rappelé après, le tribunal redoutable, les livres qui seront ouverts. Nous avons ajouté que tous nos péchés y étaient inscrits, et nous avons montré qu'il nous suffisait de le vouloir pour les en effacer.
Gardez le souvenir de ces enseignements. Si vous ne pouvez vous souvenir de tous, souvenez-vous du moins des livres dont nous vous avons entretenus. Toutes les fois que vous aurez à parler, représentez-vous Dieu debout à côté de vous et écrivant vos paroles, et parlez avec prudence. Conservez toujours cette doctrine fraîche dans votre mémoire; que ceux d'entre vous qui sont inscrits au nombre des justes, accroissent leurs mérites; pour ceux au contraire dont bien des péchés sont inscrits au livre d'en haut, qu'ils les effacent sur la terre, sans que personne en sache rien, afin d'éviter la publicité du jugement. Comme nous vous l'avons montré, nous pourrons avec le zèle, la prière et une ardente piété, effacer toutes nos fautes. Que ce soit là le but constant de nos efforts, afin qu'au sortir de cette vie, nous obtenions indulgence, et nous évitions ces épouvantables supplices.
Puissions-nous tous après les avoir évités, mériter la possession du royaume des cieux par la grâce et la charité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel gloire, puissance, honneur soient au Père, en l’unité du Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.