Saint Jean Chrysostome
Homélie 35 sur la première Epître aux Corinthiens
Poursuivez la charité, ambitionnez les grâces spirituelles, et surtout le don de prophétie.
1. Après leur avoir présenté d'une manière précise et complète la vertu de charité, il les exhorte désormais à l'embrasser avec zèle. C'est pour cela qu'il a dit : « Poursuivez. » Celui qui poursuit n'a devant les yeux qu'une chose, celle qu'il poursuit; il y tend de toutes ses forces, il ne se désiste pas avant qu'il ne l'ait saisie. Celui qui poursuit, s'il ne saisit pas par lui-même, a recours aux mains de ceux qui sont devant lui pour arrêter le fugitif, leur demandant avec instance de ne point le laisser échapper jusqu'à ce qu'il arrive lui-même. Agissons de même : sommes-nous encore éloignés de la charité, demandons à ceux qui sont plus près d'elle de la retenir, et par là de nous en faciliter la conquête; puis, lorsque nous nous en serons emparés, ne lâchons pas prise, de peur qu'elle ne nous échappe de nouveau. Elle cherche à fuir sans cesse, parce que nous n'en usons pas comme il le faudrait, parce que nous lui préférons toutes les autres choses. Nous ne devons donc rien négliger pour la garder sûrement en notre pouvoir. A cette condition, nous n'aurons plus de grandes fatigues à subir, pas même de légères; notre vie s'écoulera dans le bonheur et sera comme un long jour de fête, tandis que nous marcherons cependant par la voie étroite de la vertu. Tel est bien le sens de cette parole : poursuivez-la.
Ne voulant pas ensuite qu'on pût croire qu'il avait ainsi parlé de la charité pour éteindre les grâces spirituelles, il ajoute aussitôt: « Ambitionnez les dons spirituels, et surtout le don de prophétie. Celui qui parle les langues ne parle pas aux hommes, mais à Dieu; car personne n'entend. C'est dans l'Esprit qu'il parle des mystères. Mais celui qui prophétise parle aux hommes pour les édifier, les exhorter et les consoler. » Il établit une comparaison entre les dons spirituels et rabaisse celui des langues, ne prétendant pas sans doute qu'il soit sans utilité, mais déclarant qu'il ne sert pas beaucoup par lui-même.
Le don des langues n’est pas le plus éminent
C'était là leur plus grand sujet d'orgueil; ils mettaient ce don au-dessus de tous les autres. Et cette opinion provenait de ce qu'il avait été le premier reçu parmi les apôtres, de ce qu'il avait brillé chez eux d'un si vif éclat. Il ne fallait pas néanmoins en conclure qu'il était le plus éminent. Pourquoi donc les apôtres l'avaient-ils reçu en premier ? Parce qu'ils devaient se répandre sur toute la terre; et de même que, dans le premier temps où s'élevait la tour de Babel, l'unique langue primitive s'était divisée pour en former plusieurs, de même alors plusieurs se réunissaient souvent en un seul homme, et celui-là parlait en même temps la langue des Perses, celle des Romains, celle des Indiens et de beaucoup d'autres peuples, sa bouche étant devenue l'organe de l'Esprit. Voilà ce qu'on appelait le don des langues, expression qui se justifie par le fait que nous venons d'énoncer. Or, voyez comment l'Apôtre le rabaisse et l'exalte en même temps. En disant : « Celui qui parle les langues ne parle pas aux hommes, mais à Dieu, puisque personne n'entend, » il le dévalorise, faisant voir par là qu'il n'a pas une grande utilité. Puis, quand il ajoute : « C'est dans l'Esprit qu'il parle des mystères, » il le rehausse, de peur qu'on ne le juge superflu, sans application et sans finalité.
« Mais celui qui prophétise parle aux hommes pour les édifier, les exhorter et les consoler. » Remarquez-vous ce qui fait, selon l'Apôtre, l'excellence de ce don ? C'est qu'il est utile à tous; et cette considération de l'utilité commune le fait constamment préférer. -Est-ce que le don des langues, dites-moi, ne permet pas aussi de parler aux hommes ? - Mais il n'en résulte pas une édification, une exhortation, une consolation aussi puissante. Les deux sont également mus par l'Esprit saint, celui qui prophétise, comme celui qui parle les langues; le premier cependant, je veux dire celui qui prophétise, l'emporte en ce qu'il procure le bien des auditeurs. Ceux qui parlaient les langues, en effet, n'étaient entendus que des personnes possédant le même don. - Eh quoi, ceux-ci n'édifiaient-ils personne autre ? —Ils travaillaient à leur propre édification; et Paul le dit clairement : « Celui qui parle les langues s'édifie lui même. » - Et comment, s'il ne se comprend pas ? - Il s'agit ici de ceux qui se comprennent eux-mêmes, mais que les autres ne comprennent pas. « Celui qui prophétise édifie l’Église. » Autant donc la réunion entière l'emporte sur un seul, autant l'un de ces dons l'emporte sur l'autre. Quelle sagesse !
Paul se garde bien d'annihiler le don inférieur, il montre même qu'il est utile, quoique d'une utilité restreinte et qui se borne à édifier celui qui le possède. Pour que les Corinthiens ne s'imaginent pas qu'il rabaisse le don des langues par jalousie, beaucoup d'entre eux ayant ce don, il repousse une telle pensée : « Je veux que tous vous parliez les langues, mais encore plus que vous prophétisiez. Celui qui prophétise est au-dessus de celui qui parle les langues, à moins que ce dernier ne soit interprète aussi, et qu'il n'édifie par là-même l’Église. » Aucune opposition entre les deux, une simple différence.
2. Ainsi donc, il en ressort encore que, loin de vouer un des dons au mépris, il se propose seulement de donner aux âmes une plus haute impulsion, de leur témoigner sa sollicitude, un cœur tout à fait exempt d'envie " Je veux que tous vous parliez les langues, » et non deux ou trois seulement ; « que vous prophétisiez même, » ce don étant encore plus grand. C'est après l'avoir démontré qu'il se prononce, et non encore d'une manière absolue, mais avec une subtilité, en ajoutant : « A moins qu'il n'interprète aussi. » S'il a cet avantage, s'il interprète, il devient l'égal de celui qui prophétise; car alors, un grand nombre en retire un bien. Chose importante à remarquer, le bien commun est ce que l'Apôtre se propose avant tout. « Et maintenant, Frères, si je viens à vous parlant les langues, a quoi cela vous servira-t-il, à moins que je ne parle dans la révélation, la science, la prophétie ou la doctrine ? » Pourquoi me rejeter sur les autres ? Supposons que c'est Paul qui parle les langues; il n'en résultera rien de plus pour les auditeurs. - En s'exprimant de la sorte, il fait voir qu'il cherche uniquement leur avantage. Il n'a donc pas d'antipathie pour les personnes, puisqu'il n'hésite pas à déclarer que le don n'est pas moins inutile en lui.
Toutes les fois qu'il s'agit d'une chose pénible, il se met en avant, comme il l'a fait au commencement de la lettre : « Qui est Paul ? qui est Apollo ? qui est Céphas ?» Il suit ici la même démarche. « Je ne vous serai moi-même d'aucune utilité, si je ne vous parle pas dans la révélation, la science, la prophétie ou la doctrine. » I Cor., III, 4. Voici ce qu'il entend par là : Si je ne vous dis pas des choses que vous puissiez facilement comprendre, qui saisissent votre pensée; si je me borne à vous montrer que je possède le don des langues, c'est tout ce que vous aurez entendu et vous vous en irez les mains vides.
Et comment profiteriez-vous d'une parole que vous ne comprenez pas ? « Que des voix retentissent sans une pensée, que ce soit une flûte ou bien une lyre, dès qu'il n'y a pas là de son articulé, comment saura-t-on ce qui se chante ou se joue ? » Un pareil exemple, prouvant qu'il n'y a d'utile que ce qu'on entend d'une manière claire et distincte, ne se trouve pas en nous seuls. Prenez des instruments inanimés, une flûte, une lyre, qu'on souffle dans l'une et qu'on touche l'autre confusément, au hasard, sans l'harmonie requise, aucun auditeur n'y trouvera quelque plaisir. Or si nous exigeons d'un instrument matériel tant de précision, d'harmonie et de clarté; si nous le forçons à donner des sons intelligibles, contrairement à sa nature, bien davantage devons-nous exiger dans des êtres animés et doués de raison, surtout à propos des grâces spirituelles, une signification bien arrêtée. « Si la trompette n'émet que des sons équivoques, qui se lèvera pour le combat ? » En partant d'objets sans importance, il remonte à ce qu'il y a de plus utile et de plus nécessaire, il prend pour terme de comparaison, non seulement la lyre, mais encore la trompette. Elle a son rythme aussi : parfois elle excite l'ardeur guerrière, parfois elle la retient; elle sonne tour à tour la charge et la retraite; celui qui n'en distingue pas les appels court des dangers extrêmes. Paul le déclare et signale le mal quand il dit: « Qui se préparera pour combattre ? » Si cela n'a pas lieu, tout périclite. — En quoi cela nous regarde-t-il ? me demandera-t-on. —C'est vous surtout que cela regarde; écoutez ce qui suit : « De même, si par la langue vous n'exprimez pas clairement une pensée, comment saura-t-on ce que vous dites ? vous frapperez l'air d'un vain son ? » Vous ne direz rien, vous ne parlerez pour personne. Voilà donc que l'inutilité ressort de toute part. —Si c'est une chose inutile, m'objecterez-vous, à quoi bon a-t-elle été donnée ? - Pour l'avantage de celui qui l'a reçue; ce n'est qu'en y joignant l'interprétation qu'on peut la rendre avantageuse aux autres.
En leur parlant ainsi, il resserre les liens qui les unissent; car alors celui qui n'a pas le don d'interpréter, s'adjoignant un frère qui le possède, fera servir au bien son propre don. Cette imperfection qui met tout en évidence, a donc pour effet de les unir. Celui qui croirait se suffire en pareil cas, ruine la grâce au lieu de l'exalter, il l'empêche de briller aux yeux des hommes en la privant du concours de l'interprétation. Le don des langues est beau, nécessaire même, mais à la condition qu’on explique ce qui est dit. La trompette est nécessaire à l'armée; mais qu'elle sonne au hasard, elle sera nuisible. L'art n’existe pas, s'il n'agit sur une matière; la matière non plus n'est pas transformée, si l'art ne la façonne. Prenez la voix pour sujet et la clarté pour forme; celle-ci disparaissant, celle-là n'est d'aucun usage. « Il y a, si vous y faites attention, tant de genres de langues dans le monde, et rien n'est sans voix. » Que de langues, que de voix, celles des Scythes, des Thraces, des Romains, des Perses, des Maures, des Indiens, des Égyptiens et des mille nations qui couvrent la surface de la terre ! « Si j'ignore la puissance de sa langue, je suis un barbare pour l'homme à qui je parle. »
3. Ce n'est pas uniquement parmi vous, ne le croyez pas, que pareille chose arrive, elle a lieu chez tous les peuples sans exception. Si je parle donc de la sorte, je n'entends pas accuser la langue, je me borne à dire qu'elle est inutile quand elle n'a pas de clarté. Pour adoucir ensuite l'accusation, il se fait une part égale, en ajoutant : «Il est un barbare pour moi, et je le suis pour lui;» ce qui ne tient pas à la nature même de la parole, et n'est que le fait de notre ignorance. Voyez-vous comme graduellement il en vient à serrer de près son sujet ! Telle est sa méthode : il prend ses exemples de loin, mais pour en faire toujours à la fin une application immédiate. Il a commencé par celui de la flûte et de la lyre, où l'on peut remarquer quelque chose de défectueux et d'insolite; il continue par celui de la trompette, dont l’utilité est plus évidente ; il termine par la voix elle-même. Pareillement, quand il démontrait plus haut que les apôtres étaient en droit de recevoir, après avoir d'abord comparé leur état à celui des agriculteurs, des bergers et des soldats, il se rapproche beaucoup plus de l'objet qu'il se propose, en comparant les apôtres aux prêtres de l'Ancien Testament. Remarquez, je vous prie, comme il s'applique constamment à dégager le don pour ne mettre en cause que ceux qui l'ont reçu. Il ne se borne pas à dire : « Je suis un barbare; » il a soin d'ajouter : « Pour l'homme à qui je parle. » Lui-même est un barbare; mais pour moi, et par la même raison. Que faut-il donc faire ? Au lieu de se répandre en récriminations, il faut exhorter, il faut instruire. C'est ce que lui-même fait.
Après avoir formulé des plaintes et des reproches, il passe aux conseils : « Ainsi, puisque vous êtes si jaloux des dons spirituels, demandez qu’ils abondent en vous pour l'édification de l’Église.» Vous voyez partout quel est son but : le bien commun, ce qui doit être avantageux à l’Église; telle est la règle qu'il s'est tracée. Il désire que les dons abondent en eux, que ce soit là leur grande richesse. Bien loin de vous les refuser dans mon esprit, je désire que vous les possédiez en abondance, pourvu que vous en usiez dans l'intérêt de tous. Comment cela peut-il se faire, il le précise en ajoutant : « Que celui donc qui parle une langue, demande à Dieu le don de l'interpréter. Si je prie sans cette intelligence, mon cœur prie; mais mon entendement n'en retire aucun fruit. Qu'est-ce à dire ? Je prierai en esprit, je prierai avec intelligence; je chanterai de saints cantiques en esprit; je chanterai avec intelligence. » Il leur montre ainsi qu'il est en leur pouvoir d'acquérir ce don. « Demandez à Dieu, » leur dit-il, faites ce qui dépend de vous. Si vous demandez avec zèle, vous recevrez. Avec le don des langues, implorez aussi celui de l'interprétation, afin que le don ne soit pas inutile au prochain et que vous ne le renfermiez pas en vous-même. « Si je prie dans une langue inconnue, mon cœur prie; mais mon entendement demeure sans fruit. » Remarquez-vous l'extension qu'il donne à sa parole, en leur faisant voir qu'on est inutile à soi-même aussi bien qu'aux autres, quand on prie de cette façon, puisqu'il n'en reste aucun fruit dans l'âme ? Si quelqu'un parle la langue des Perses, ou telle autre langue qu'il ne connaît pas, ne comprenant pas ce qu'il dit, il est un barbare pour lui-même, et non point seulement pour autrui; il n'entend qu'un son vide de sens.
Il y en avait beaucoup jadis qui possédaient le don des langues dans la prière; ils priaient, ils parlaient la langue des Perses ou celle des Romains, mais sans rien comprendre de leurs propres paroles. De là ce que dit Paul : « Si je prie dans une langue inconnue, mon cœur prie, le don que je possède fait mouvoir ma langue; « mais mon entendement demeure sans fruit. » Que vaut-il donc mieux faire ? à quel moyen avoir recours ? que faut-il demander à Dieu ? Qu'en nous accordant de prier par le don, il nous accorde de prier par la pensée. C'est pour cela qu'il ajoute : « Je prierai en esprit, je prierai avec intelligence; je chanterai de saints cantiques en esprit, je chanterai avec intelligence. C'est le même vœu qu'il exprime de nouveau, que l'entendement entre en action en même temps que la langue. S'il n'en est pas ainsi, il en résultera une autre confusion : « Si vous ne louez Dieu qu'en vertu du don, comment celui qui représente le peuple répondra-t-il : Amen, donc à la fin de vos louanges, ne sachant pas ce que on de vous dites ? Vous faites bien sans doute en rendant grâces à Dieu; mais les autres n'en sont pas édifiés. » Vous le voyez ramassant encore avec soin une pierre qui doit servir à la construction de l’Église, qu'il a constamment en vue.
Ce simple particulier qui répond, c’est le laïque, et nous voyons le grave dommage qu'il ressent quand il répond sans comprendre. Voici la pensée de Paul : Si vous bénissez Dieu dans la langue des barbares, ne vous comprenant pas vous-même et ne pouvant pas vous interpréter, vous ne sauriez obtenir la réponse adéquate. Comme il n'entend pas la conclusion : Dans les siècles des siècles, le laïque ne dira pas : Amen. L'Apôtre adoucit après cela le ton de sa parole, de peur de paraître trop rabaisser le don spirituel; tout ce qu'il a dit plus haut pour la consolation de celui qui le possède, et qu'il expose les mystères, et qu'il parle à Dieu, et qu’il s'édifie lui-même, et qu'il prie en esprit, il le résume dans cette parole : « C'est une belle chose que vous faites en rendant grâces à Dieu. » Vous parlez sous l'impulsion de l'Esprit saint; mais cet homme est là, ne comprenant rien de ce que vous dites, ne saurait dès lors en retirer une grande utilité.
4. Comme il a si peu ménagé cependant ceux qui possèdent ce don, en leur montrant qu'ils ne possèdent pas une grande chose, il ne veut pas avoir l'air de quelqu'un qui méprise ce qu'il n'a pas, voici ce qu'il ajoute : «Je rends grâces à Dieu de ce que je parle les langues plus que vous tous. » Il agit de même ailleurs; sur le point de déprimer les avantages du judaïsme et de prouver qu'ils ne sont rien, il déclare qu'il les possède lui-même, et dans un degré éminent ; c'est alors qu'il y découvre une cause de ruine: « Si quelqu'un paraît se fier à la chair, je le puis beaucoup mieux; car je fus circoncis le huitième jour, je suis de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin, hébreu de toute génération, Pharisien sous la loi, persécuteur de l’Église par excès de zèle, irrépréhensible dans ma vie selon la justice légale. » Philip., II, 4-6. Et puis, quand il a fait étalage de toutes ces prérogatives, il poursuit en ces termes : « Ce qui m'était auparavant un gain, je ne l'ai plus estimé qu'une perte à cause du Christ. » Ibid., 7. Ainsi procède-t-il maintenant : «J'ai plus que vous tous le don des langues. » Ne vous enorgueillissez pas comme si vous étiez seuls à le posséder; je le possède moi aussi, et je le possède avec plus d'abondance.
« Mais j'aimerais mieux ne prononcer dans l’Église que cinq paroles dans mon sens, afin d'instruire les autres. » Que signifient ces derniers mots: « Dans mon sens, afin d'instruire les autres ?» Comprenant ce que je dis, pouvant l'expliquer à mes frères, parler avec intelligence, transmettre un véritable enseignement. « Que prononcer dix mille paroles dans une langue inconnue. » Pourquoi ? « Pour instruire les autres; » telle est la grande utilité; le reste n'est qu'une apparence. Voilà ce qu'il recherche en tout, je le répète, le bien commun.
Et cependant le don des langues frappait comme une nouveauté; il n'avait pas encore paru sur la terre, tandis que celui de prophétie datait déjà de loin, était traditionnel en quelque sorte; ce qui n'empêche pas l'Apôtre de témoigner moins d'estime pour le premier. Aussi n'en use-t-il guère, non qu'il ne le possède pas, mais parce qu'il se propose toujours ce qu'il y a de plus utile; il est affranchi de toute vaine gloire, il n'a qu'une chose en vue, comment il ils rendra meilleurs ceux qui l'écoutent. Ce parfait désintéressement lui permet d'envisager son propre bien avec celui des autres : l'esclave de la vaine gloire, ne se proposant pas l'avantage du prochain, ne travaille pas non plus à son propre avantage. Tel fut Simon le magicien, qui se perdit lui-même pour avoir voulu s'élever; tels furent les Juifs qui sacrifièrent leur salut au démon par ce même sentiment d'orgueil. De là sont venues aussi les idoles, de là les étranges manies et les perverses doctrines des philosophes grecs. Remarquez les bouleversements provoqués par cette passion : plusieurs d'entre eux se sont faits pauvres, d'autres ont adoré les richesses. Elle domine dans les extrêmes les plus opposés, tant elle est tyrannique.
La vertu des philosophes est annihilée par l’orgueil
La continence est un sujet de vaine gloire pour celui-ci, pendant que celui-là se glorifie dans l'adultère : on s'enorgueillit de la justice et du vol, du jeûne et de la volupté, de la modestie et de l'insolence, de la fortune et de la pauvreté. On a vu des idolâtres pouvant s'enrichir et ne le voulant pas, afin d'exciter l'admiration. Ainsi n'agissaient pas les apôtres, et leur conduite montra bien à quel point ils poussaient l'abnégation et l'humilité. Comme on les prenait pour des dieux, comme on se disposait à leur immoler des taureaux couronnés de bandelettes, ils ne se bornaient pas à repousser de tels honneurs, ils déchiraient leurs vêtements. Quand ils eurent redressé le boiteux, tout le monde les regardant avec admiration, ils s'écrièrent : « Pourquoi nous regardez-vous comme si c'était par notre propre puissance que nous ayons fait marcher cet homme ? » Act., III, 12. Si quelques philosophes ont embrassé la pauvreté, c'est après en avoir entendu faire l'éloge; tandis que les apôtres s'y dévouent au milieu d'hommes qui la méprisent et n'ont d'éloges que pour les richesses. Les apôtres, s’ils étaient en possession de quelque bien, le versaient dans le sein du pauvre, se laissant guider en tout par la charité, jamais par la vaine gloire. Chez les philosophes c'était tout l'opposé : ils agissaient en cela même comme s'ils avaient déclaré à la nature une guerre d'extermination. L'un jetait à la mer aveuglément et sans utilité pour personne tout ce qu'il possédait; c'était la conduite d'un maniaque, un accès de folie; l'autre laissait les brebis brouter dans ses champs toutes les récoltes. Vous ne voyez toujours là que la manie de l'orgueil. Au lieu de détruire ainsi les choses, nos pères recevaient même ce qui leur était offert, et le distribuaient aux pauvres, avec une telle libéralité qu'ils restaient eux-mêmes constamment en butte à la faim.
S'ils avaient recherché la gloire, ce n'est pas de la sorte qu'ils eussent agi, ils n'eussent pas accepté de pareilles distributions à faire, par la crainte d'encourir des soupçons odieux. Celui que l'orgueil pousse à se dépouiller de ses propres biens, n'acceptera certes pas le bien des autres, ne voulant pas paraître avoir besoin d'eux, ni s'exposer à la flétrissure d'un soupçon. Vous voyez les nôtres servir les indigents et mendier pour eux; leur dévouement dépasse celui des pères les plus tendres. Voyez aussi combien ils sont modérés dans leur genre de vie, étrangers à la vaine gloire: « Ayant de quoi nous couvrir et de quoi manger, contentons-nous-en. » 1 Tim., VI, 8. Nous sommes loin du philosophe de Sinope, qui se couvrait de haillons et se retirait dans un tonneau, spectacle fait tout au plus pour étonner les hommes, mais ne pouvant leur être d'aucune utilité. Autre était la conduite de Paul : lui ne faisait rien pour exciter l'admiration; il portait des habits décents, il habitait une maison ordinaire; rien de remarquable en lui, si ce n'est son zèle infatigable pour la pratique de toutes les vertus. Et voilà précisément ce dont le Cynique n'avait aucun souci, vivant dans l'intempérance, choquant tous les regards, entraîné dans la dernière abjection par son orgueil lui-même. Si vous demandez pour quelle raison il habitait un tonneau, vous n'en trouverez pas d'autre.
5. Paul louait à ses frais la maison qu’il habitait à Rome. Il eût bien pu s'en passer, puisqu'il avait fait preuve d'un courage bien supérieur à cette abnégation; mais il dédaignait la gloire de ce monde, cette bête cruelle, cet horrible démon, ce fléau de l'univers, cette vipère venimeuse. Comme ce reptile donne en naissant la mort à qui lui donne la vie, ainsi cette passion déchire le sein qui la nourrit. Où trouver, un remède à cette multiple maladie ? Dans l'exemple de ceux qui en ont triomphé, dans une énergique imitation de leur humilité profonde. Remettez devant vos yeux ce que fut le patriarche Abraham. Et qu'on ne me reproche pas de semblables répétitions, de revenir si souvent et même en toute occasion au souvenir de ce juste.
Il ne nous apparaît que plus glorieux, et ceux qui refusent de marcher sur ses traces n'en sont pas moins dignes de pardon. En effet, si nous vous offrions ce modèle dans un cas, puis un autre dans un cas différent, on aurait quelque motif de me dire qu'il est trop difficile de pratiquer la vertu, qu'on ne saurait bien agir en toute chose, accomplir seul totalement une œuvre que les saints ont paru se partager. Du moment où c'est le même qui réunit tous les mérites, quelle excuse pourront alléguer ceux qui, vivant après la lol, sous la grâce même, ne sont pas montés au niveau des hommes qui précédèrent la grâce et la loi ? Comment donc le Patriarche foula-t-il aux pieds cette bête féroce, quand il fut en discussion avec son neveu ? Quoique sa part fût la moins avantageuse, quoiqu'il n'eût pas le premier rang, il ne se livra pas à la tristesse.
Vous savez cependant que dans de telles circonstances la perte est encore moins pénible que l'affront, pour celui qui n'a pas même une âme grande, et principalement lorsqu'il est le maître de tout, comme l'était le Patriarche et qu'après avoir donné l'exemple du respect et des prévenances, on n'est nullement payé de retour. Rien de tout cela ne lui cause la moindre amertume : se contentant de n'être que le second, vieillard outragé par un jeune homme, oncle lésé par un neveu, il ne s'indigne ni ne s'irrite, il lui prodigue toujours les mêmes soins et la même affection. Après avoir remporté la victoire dans une guerre pleine de dangers; après avoir terrassé la nombreuse armée des barbares, il ne triomphe pas, il n'érige pas un trophée : il a voulu sauver et non briller. Il reçoit ensuite des hôtes; pas de vaine gloire encore là, et lui-même vient à leur rencontre se prosternant devant Dieu et paraît recevoir un bienfait plutôt que l'accorder; il donne à des inconnus qui se présentent le nom de seigneurs, il impose à sa femme l'office d'une servante. Lorsque antérieurement il avait excité tant d'admiration en Égypte, et recouvré si glorieusement cette même femme au milieu des honneurs dont il était comblé, il se garda bien d'en faire parade, et, tandis que les habitants lui donnaient le titre de roi, il lui payait le prix d'un tombeau. Quand il envoya son serviteur chercher une femme pour son fils, il le chargea de ne rien dire qui pût tourner à son avantage ou bien à sa gloire; il ne lui donna que la mission d'amener l'épouse. Voulez-vous maintenant porter votre attention sur des hommes appartenant au règne de la grâce, entourés et comme inondés des splendeurs de la doctrine céleste ? Vous les verrez la aussi chasser loin d'eux cette funeste passion.
Souvenez-vous de celui-là même qui tient ce langage: comme il rapporte tout à Dieu, comme il rappelle toujours ses prévarications, et jamais ses bonnes œuvres ! S'agit-il de corriger les disciples, est-il forcé de se louer, il déclare qu'il se rend coupable de démence; il cède à Pierre le premier rang; il ne rougit pas de travailler chez Aquilas et Priscille : partout il donne l'exemple de l'humilité. On ne le voit pas se montrer avec pompe sur l'agora, suivi d'un nombreux cortège; il se cache dans la foule et l'obscurité. De là ce qu'il disait: « Ma présence corporelle n'a rien que de faible. » II Cor., X, 10. Ce qui signifie qu'elle est sans faste et sans éclat. Il dit encore : «Je désire que vous ne fassiez rien de mal, de peur que nous ne paraissions pleins de considération.» Ibid., XIII, 7. Et faut-il s'étonner s'il méprise cette gloire terrestre, lui qui sait se montrer supérieur à celle des cieux mêmes ? Il dédaigne le royaume et la géhenne, pour plaire uniquement au Christ. Il consent à ce que le Christ le frappe d'anathème, s'il doit ainsi procurer la gloire du Christ; s'il déclare qu'il consent à souffrir pour les Juifs, c'est pour que personne ne s'arroge follement les promesses faites à ce peuple.
Du moment donc où Paul manifeste de tels sentiments, nous ne devons pas être surpris de son dédain pour les choses humaines. Quel contraste avec ce que nous voyons ! Tout aujourd'hui submerge un homme, et l'amour des distinctions, et la crainte des injures. Vous tombez dans l'enflure quand on vous loue, dans l'abattement quand on vous blâme. Un corps est-il faible et délicat, tout le blesse : il en est de même d'une âme sans élévation et sans énergie. Avec de telles dispositions, on se perd dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la joie comme dans la tristesse, et plus sûrement encore dans le bonheur que dans l'adversité. La pauvreté nous force par elle-même à la tempérance, et la richesse est souvent la source des plus grands maux. Quand un homme a la fièvre, il s'irrite de tout : tout blesse également ceux dont l'âme est corrompue.
6. N'ignorant pas ce principe, ne fuyons plus la pauvreté, n'admirons plus la fortune; rendons notre âme apte à tout. Celui qui bâtit une maison, ne prétend pas certes qu'elle soit à l'abri de la pluie et du soleil, puisque c'est une chose impossible; il veut seulement qu'elle soit capable de tout supporter. Celui qui construit un navire, n'espère pas sans doute qu'il ne sera jamais battu par les flots ou que la mer n'aura pas de tempêtes, ce qui n'est pas moins impossible; il veut que la charpente soit capable de résister à tous les chocs. Celui qui s'occupe de la santé corporelle, ne suppose pas non plus que le temps n'aura pas ses inégalités; il se propose de mettre le corps en état de subir sans danger toutes ces épreuves. Procédons de la même façon à l'égard de l'âme, ne nous préoccupons pas de savoir comment nous deviendrons riches; songeons uniquement à pouvoir accepter ces deux conditions avec sécurité. Laissant de côté toute vaine sollicitude, faisons que notre âme n'ait rien à souffrir, ni de la pauvreté ni de la richesse. En supposant que nous soyons à l'abri de tout accident, ce qui ne saurait guère avoir lieu, nous serons plus heureux en ne cherchant pas la fortune; on est en ce cas beaucoup plus fort que lorsqu'on possède une fortune invariable. Pourquoi ? D'abord, parce que l'homme ainsi disposé trouve sa force en lui-même; tandis que l'autre s'appuie sur les objets extérieurs. Le soldat qui met sa confiance dans sa propre énergie et dans la connaissance qu'il a de la guerre, l'emporte de beaucoup sur celui qui compte seulement sur la trempe de ses armes : ainsi l'homme vertueux et qui n'a d'espoir que dans la vertu, l'emporte sur le riche dont la richesse fait tout l'espoir. En admettant ensuite que celui-ci ne tombe pas dans la pauvreté, cela ne veut pas dire qu’il puisse être exempt d'ennuis : la richesse est une mer qui ne manque ni de bouleversements ni d'orages.
Les riches sont spoliés même après la mort
Telle n'est pas la vertu : ici le bonheur et le calme; elle rend l'homme inexpugnable à tous les assauts, alors que le riche est aisément envahi et subjugué. Parmi les bêtes fauves, les cerfs et les lièvres sont au fond les plus faciles à prendre à cause de leur timidité; le sanglier, le taureau et le lion tombent moins dans le piège : le même contraste vous frappera si vous comparez les riches avec ceux qui ne craignent pas de vivre dans la pauvreté. D'une part, vous verrez le cerf et le lièvre; de l'autre, le lion et le taureau. Est-il quelqu'un que le riche ne redoute ? le larron, le puissant, le jaloux, le sycophante ? Et que parlé-je de larrons et de sycophantes, quand il tient pour suspects ses propres serviteurs ? Ce n'est pas seulement durant la vie qu'il est en butte aux manœuvres des voleurs; c'est encore après qu'il est descendu dans la tombe : la mort elle-même ne peut pas le mettre en sûreté, il est spolié jusque dans cet asile. Tant c'est une chose instable que la fortune d’ici-bas. L’effraction ne s’exerce pas seulement sur les maisons, elle s’attaque aux tombeaux, elle brise les cercueils. Que peut-on concevoir de plus misérable que celui à qui la mort ne garantit pas un refuge assuré ? Ce malheureux corps, en perdant la vie, n'échappe pas aux maux de la vie; les malfaiteurs engagent une lutte avec la poussière et la cendre, lutte d'autant plus terrible alors ! Quand cet homme vivait, ils pénétraient bien dans son garde-meubles, ils forçaient les coffres; mais ils ne touchaient pas à son corps, ils n'allaient pas jusqu'à le dépouiller d'une manière complète : maintenant ceux qui violent les sépultures ne s'en abstiennent plus, leurs mains sacrilèges le tournent et le retournent, pas d'humiliation ni de barbarie dont ils ne l'accablent. Les vêtements qu'il emporta dans le sein de la terre, cette triste parure du tombeau, ils les lui ravissent, et le laissent là gisant dans une entière nudité.
Quel ennemi plus cruel que la richesse ? Après avoir perdu l'âme des vivants, elle outrage le corps des trépassés, ne permettant pas même que la terre les protège, la terre, ce bien commun, dont ne sont pas même privés les suppliciés, les êtres voués à l'infamie ! Après les avoir soumis à la peine capitale, le législateur ne les poursuit pas plus loin : la richesse poursuit sa victime jusque dans le sein de la mort; c'est là qu'elle lui inflige le plus affreux supplice, le jetant nu hors du cercueil, spectacle repoussant et lamentable ! Les riches sont donc plus maltraités que les hommes frappés par le glaive impitoyable de la loi. Ces derniers passent un jour ou deux sans sépulture, puis on les ensevelit; tandis que les premiers subissent la spoliation et l'insulte après qu'ils ont été confiés à la terre. Si les voleurs se retirent sans emporter le cercueil, ce n'est pas à la richesse, c'est à la pauvreté qu'il faut en rendre grâces. La pauvreté seule est capable de le garder; si nous l'avions mis sous la protection de la richesse, si nous l'avions revêtu d'or au lieu de le faire de pierre, c'est encore un objet qu'on nous eût volé. La richesse est chose tellement incertaine qu'elle appartient à quiconque entreprend de la ravir plutôt qu'à celui qui la possède. Il est bien superflu le discours qui tend à nous montrer que nos possessions sont inébranlables, elles ne nous offrent pas même de sécurité le jour de notre mort. Qui ne sent néanmoins tomber sa colère en présence d'un tombeau, serait-on une bête féroce, un démon, tout ce qui se peut imaginer ? Cette vue est faite pour attendrir un cœur de rocher, incapable de compassion. A l'aspect d'un mort, eût-il été notre adversaire, notre ennemi, on pleure avec ses amis les plus intimes; la colère disparait avec la vie, la pitié la remplace. Au jour des funérailles, impossible de remarquer un ennemi; chacun respecte la nature qui nous est commune à tous et les lois qui la concernent. La richesse ne connait pas ce respect dans la haine qu'elle excite contre le riche : ceux qu'il n'a jamais lésés lui deviennent hostiles après sa mort, même au point de dépouiller son cadavre, ce qui dénote assurément le paroxysme de la haine et de la fureur. Quand la nature lui ramène ses ennemis, la richesse lui suscite une guerre implacable, sans aucune espèce de motif, livrant son corps aux mains de la rapine, dans la solitude et la nuit.
Que de choses cependant réunies ici pour ébranler une âme: la réalité même de la mort, cette froide immobilité, le travail de la corruption qui ramène un corps à la terre, l'absence de tout secours ! La cupidité, comme un tyran impitoyable, presse ses ordres inhumains, changeant en bêtes féroces les spoliateurs des tombeaux. Voilà comment ils les envahissent, et les chairs mêmes du cadavre deviendraient leur proie, s'ils pouvaient en retirer quelque avantage. Tels sont les biens que nous procurent les richesses : les derniers affronts jusque dans la mort, la privation de la sépulture, qu'on ne refuse pas aux plus infâmes criminels. Persisterons-nous à les aimer, je vous le demande, quand elles nous font une pareille guerre ? Non, frères, non, je vous en supplie; fuyons-les sans nous retourner. Nous viennent-elles dans les mains, ne les tenons pas renfermées, attachons-les aux mains des pauvres.
Ce sont les liens les plus forts pour les retenir, elles ne sortiront pas de ce trésor; d'inconstantes elles seront devenues fidèles, soumises, pleines de suavité: c'est au pouvoir de l'aumône que sera due cette transformation. Viennent-elles donc nous trouver, consacrons-les à cet usage ; ne viennent-elles pas, gardons-nous d’aller à leur recherche ; ne tombons pas dans l’abattement, né félicitons pas ceux qui les possèdent. Comment pouvons-nous les estimer heureux, à moins que nous ne regardions aussi comme tels ceux qui luttent avec les bêtes dans l'amphithéâtre, et cela, parce que ces bêtes sont fort appréciées par les hommes qui les tiennent en réserve et qui donnent de semblables combats, quoiqu'ils ne veuillent pas s'en approcher eux-mêmes, et qu'ils ne les regardent pas sans frémir et sans trembler. Les riches éprouvent le sort des bestiaires : ils ont renfermé chez eux comme une bête féroce la fortune qui doit les dévorer, et chaque jour elle leur fait de cruelles morsures, mais non toutefois comme dans les jeux publics. Ici, c'est quand on leur ouvre la cage que les animaux se précipitent sur les victimes qui leur sont destinées : c'est, au contraire, quand on tient les richesses étroitement serrées qu'elles vous déchirent et vous perdent. Apprivoisons ce monstre furieux, et nous y parviendrons si nous le traînons sous la main des pauvres, au lieu de le tenir enchainé.
Nous acquerrons ainsi les plus grands biens; l'espérance et la sécurité nous accompagneront dans la vie présente, et nous aborderons avec confiance celle de l'avenir. Puissions-nous tous l'avoir en partage, par la grâce et l'amour...., etc.