Saint Jean Chrysostome

Psaume 11

« Pour la fin, pour l'octave. » Suivant un autre interprète : « Au vainqueur pour l'octave. » Le texte hébreu porte : Hascheminith. « Sauvez-moi, Seigneur, parce que les saints disparaissent, parce que les vérités ont été altérées par les enfants des hommes. » Suivant une autre version : « Parce que les fidèles ont disparu du milieu des enfants des hommes. »

1. La vertu est une chose pénible et qui présente de sérieuses difficultés, surtout quand celui qui la pratique vit au milieu d'un très-petit nombre d'hommes de bien. C'est ainsi que la route est pénible au voyageur, surtout lorsqu'il est seul et sans compagnon de voyage. En effet, la société et l'union des frères entre eux est un puissant encouragement. C'est pour cela que saint Paul disait : « Regardez-vous les uns les autres pour vous animer à la charité et aux bonnes œuvres. » Hebr., X 24.

Les patriarches vivaient dans un monde corrompu

Aussi, ce qui rend les anciens patriarches dignes de tous nos éloges, ce n'est pas qu'ils aient toujours suivi le chemin de la vertu, mais qu'ils y aient marché seuls, lorsqu'on ne voyait sur la terre aucun germe de vertu, aucun homme qui en suivît les prescriptions. C'est ce que l'Ecriture veut exprimer lorsqu'elle dit : « Noé fut un homme juste et parfait au milieu des hommes de son temps. » Genes., VI, 9. Voilà pourquoi nous sommes pleins d'admiration pour Abraham, pour Lot, pour Moïse, parce qu'ils ont été comme des étoiles brillantes au milieu d'une profonde nuit, comme des roses parmi les épines, comme des brebis au milieu des loups, et qu'ils ont suivi, sans jamais s’en écarter, une voie opposée à la conduite de tous les autres. En effet, s'il est si difficile de résister au grand nombre, si celui qui lutte seul contre la multitude en suivant une voie directement contraire, s'expose à mille peines; si sur la mer encore l'on ne peut, sans les plus grands efforts, diriger un navire contre la violence des vents et des flots, combien est-il plus difficile de pratiquer la vertu lorsqu'on est seul contre tous ! Voilà pourquoi le saint roi, qui seul a eu le courage de lui rester fidèle, à l'encontre de tous, implore la providence de Dieu en lui disant : « Sauvez-moi, Seigneur. » C'est-à-dire, j'ai besoin du secours d'en haut, de la force qui descend du ciel, de la protection divine. Je marche dans une voie contraire à celle que suivent tous les autres hommes, l’appui de votre providence paternelle m'est indispensable. Et il ne dit pas : " Sauvez-moi parce qu'il n'y a point de saint, » mais : « Sauvez-moi, parce que les saints ont disparu. » C'est-à-dire parce que les saints eux-mêmes qui existaient sur la terre ont été atteints par les progrès du vice et ont succombé au mal qui les a gagnés. Voilà ce que saint Paul craignait lorsqu'il disait aux Corinthiens : « Ne savez-vous pas qu'un peu de levain suffit pour corrompre toute la masse? » I Cor., v, 6. Et encore : « Les mauvais discours corrompent les bonnes mœurs. » I Cor., XV, 33. Que signifient ces paroles : « Les vérités ont été altérées ? » Il en est des vertus comme des couleurs et d'autres choses semblables; les unes sont véritables, les autres sont fausses, il y a la vraie pourpre, il y a la fausse; de même pour la couleur de safran, pour les pierres précieuses, pour les parfums et autres matières semblables. Or, la vérité est ce qui est, le mensonge est ce qui n'est point.

Comme les vérités ont été altérées, obscurcies, sans perdre pour cela leur nature, parce que les hommes ont cherché à les bannir de leur cœur, le Roi-prophète ne dit pas seulement : « Elles ont été altérées, » mais il ajoute : « Parmi les enfants des hommes. » Prêtez ici une attention sérieuse : Il y a un ornement qui est vrai , il y a aussi un faux ornement. Quel est le véritable ? Celui de l'âme. Quel est le faux ? Celui du corps. Il y a aussi de vraies richesses, comme il en est de fausses. Les fausses richesses sont les richesses matérielles, les vraies richesses sont les bonnes œuvres. Il y a enfin une joie vraie, il y a une joie fausse, et il faut faire la même distinction pour la beauté, pour la puissance, pour la gloire. Mais la plupart des hommes laissent ici la vérité pour s'attacher au mensonge. On distingue l'homme véritable de celui qui n'en a que l'apparence; l'homme véritable est celui qui vit et qui agit, l'homme faux est celui qui n'existe qu'en peinture. Nous pouvons appliquer cette même distinction aux vertus.« Chacun tient à son frère un langage vain, leurs lèvres sont pleines de tromperies, et ils parlent avec un cœur et un cœur double. » Un autre interprète traduit : « Ils parlent avec un cœur double. » Le Roi-prophète signale ici deux faits également coupables; ils ont dit des paroles vaines, et ils les ont dites à leur prochain. Ces paroles vaines sont des mensonges ou des choses complètement inutiles. Saint Paul inculque la même vérité dans cette recommandation : « Ne mentez point les uns aux autres. » Coloss., III, 9. Et ce qu'il y a de plus triste, c'est que cette corruption était générale. Le prophète ne dit point en effet : celui-ci ou celui-là, mais à chacun. « Et leur corruption n'existait pas seulement à la surface, elle atteignait les profondeurs des cœurs. » « Ils ont parlé avec un cœur et un cœur; » ce qu'un autre l’interprète a traduit : « Avec un cœur double, » pour faire ressortir l'étonnante duplicité dont le cœur est capable. Je ne connais point d ennemis plus dangereux. Les autres ennemis vous attaquent à découvert, et on peut se mettre en garde contre leurs attaques; mais ici ils se présentent avec un extérieur qui cache leurs véritables sentiments; il est donc difficile de se mettre en garde contre les pièces qu'ils tendent, et ils sont mille fois plus à craindre que ceux qui cachent et dissimulent leurs armes. « Le Seigneur exterminera toutes les lèvres perfides et la langue qui profère des discours hautains. Ceux qui disent : « Nous acquerrons de la gloire et de l'éclat par notre langue. » Suivant une autre version : « Nous dominerons; nos lèvres dépendent de nous. » Suivant une autre : « Elles sont avec nous. » « Qui est notre maître ? » Un autre interprète traduit : « Qui nous dominera ? » Voyez la sollicitude du Roi-prophète et la prière qu'il fait pour ces hommes. Car ce n'est point contre eux qu'il parle, c'est dans leur intérêt. Il ne demande pas à Dieu de les perdre, mais de mettre un terme à leurs iniquités. Il ne dit pas en effet : " Dieu les exterminera, » mais : « Il détruira toutes ces lèvres trompeuses. »

2. Donc, encore une fois, ce n'est point leur nature qu'il souhaite voir anéantie, mais leur langage, mais leur arrogance, leurs ruses artificieuses, leur orgueil. Il se rit de leurs fausses prétentions, qui leur font dire : « Nos lèvres dépendent de nous. Qui est notre maître ? » Il faut avoir perdu le sens et la raison pour tenir un pareil langage. Saint Paul avait des sentiments bien différents lorsqu'il disait aux Corinthiens : « Vous n'êtes pas à vous; vous avez été achetés d'un grand prix , » I Corinth., VI, 19-20 ; et qu'il leur recommandait de ne point vivre pour eux. Vos lèvres ne sont pas à vous, mais au Seigneur. C'est lui qui les a faites, qui les a disposées et qui leur a donné la vie Mais cependant ces lèvres sont les vôtres. Oui, sans doute, mais toutes les choses que nous avons ne nous appartiennent pas. N'avons-nous pas entre les mains l'argent dont le dépôt nous a été confié ? n'avons-nous pas également à loyer les champs qui nous ont été affermés ? Ainsi, Dieu vous a comme affermé ces dons pour faire produire à ces germes non pas des épines, mais des fruits utiles, c'est-à-dire non point l'orgueil ou la fraude, mais l'humilité, la bonne renommée, la charité. C'est ainsi que Dieu vous a donné les yeux, non pour les faire servir à des regards dissolus, mais pour que la chasteté soit leur plus bel ornement. De même, il vous a donné les mains non pour commettre des violences, mais pour distribuer ses aumônes. Or, comment pouvez-vous dire : « Nos lèvres sont à nous, » lorsque vous les avez rendues esclaves du péché, de la fornication, de l'impureté ? « Qui est notre maître ? » Ô parole diabolique !  Ô âme livrée aux inspirations du démon ! Quoi, vous voyez toute la création proclamer l'empire de votre Seigneur sa sagesse sa sollicitude sa providence; votre corps, votre âme, votre vie, toutes les créatures visibles et invisibles semblent prendre la voix pour célébrer la puissance du Créateur, et vous dites: « Qui est notre maître ? » C'est un acte de folie, de démence, c'est le signe d'une âme profondément corrompue. De là découlent des maux innombrables. Ces impies disent hautement: « Qui est notre maître ? » Mais il en est qui tout en le reconnaissant pour leur Seigneur ne laissent pas de nier le jugement et le supplice qui doit le suivre. Pour un plaisir d'un moment, ils achètent ainsi un châtiment qui ne doit point finir, et en voulant goûter le charme que semble leur promettre l'oubli des peines éternelles, et nous en a révélé l’existence certaine; il a voulu que la crainte de ces peines nous rendit meilleurs. Voilà pourquoi le démon fait tous ses efforts pour effacer cette pensée de votre esprit : ne la chassez donc pas de votre souvenir. Ne dites pas: Pourquoi me livrer à une tristesse inopportune ? La tristesse vraiment inopportune sera celle que vous éprouverez au milieu des flammes de l'enfer. C'est dans le temps présent qu'il faut se livrer à la tristesse et non dans l'autre vie. Le mauvais riche, qui avait dédaigné Lazare, et à qui ses innombrables souffrances ne servirent de rien, en est une preuve éclatante. S'il avait été affligé dans le temps opportun, il n'aurait pas été condamné à de semblables châtiments.

« Je me lèverai maintenant, dit le Seigneur, à cause de la misère de ceux qui sont sans secours et du gémissement des pauvres. Je les placerai dans un lieu sûr, j'agirai en cela avec une entière liberté. Suivant une autre version : « J'accomplirai son salut d'une manière éclatante. » Admirez ici la puissance de l'humilité. Les pauvres ont la puissance en partage et c'est aux pauvres, je dis aux pauvres qui ont le cœur contrit, que Dieu accorde son secours au milieu de leurs épreuves. Ce n'est point la vie heureuse, ce n'est point la vertu, c'est la souffrance qui a le privilège d'exciter l’intérêt de Dieu et de provoquer sa juste vengeance. Tant il est méritoire aux yeux de Dieu de  supporter courageusement l’injustice; tant est grande sa providence sur ceux qui sont victimes de la persécution. Leurs souffrances, leur affliction sont à elles seules un appui des plus éloquents. Oui, les gémissements ont une grande force puisqu'ils suffisent pour attirer le secours de Dieu. Craignez donc, vous tous qui affligez les pauvres. Vous avez, je le sais, la puissance, les richesses, les biens de la terre, la bienveillance des juges; mais les pauvres ont des armes bien autrement puissantes, ils ont les pleurs, les gémissements, ces injustices dont ils sont victimes, et qui les rendent dignes du secours du Ciel. Voilà les armes qui font crouler les maisons, qui les détruisent jusque dans leurs fondements, qui renversent les villes, je veux dire les gémissements des pauvres opprimés. Dieu respecte, pour ainsi dire, cette dignité et cette noblesse qui, au milieu de leurs souffrances, ne leur laissent échapper aucune parole répréhensible, et ne leur permettent que les gémissements et les pleurs. « Je les placerai dans un lieu sûr, j'agirai en cela avec une entière liberté. » Quel est le sens de ces paroles ? C'est-à dire je prendrai leur défense ouvertement, publiquement et en toute liberté, de sorte que tous en soient visiblement témoins. Quelquefois, en effet, Dieu nous sauve avec moins d'éclat et par des voies cachées, car il n'a que faire de la gloire qui vient des hommes. Mais ici, comme il est vraisemblable que les oppresseurs des pauvres joignaient l'insulte à l'outrage et leur reprochaient de n'avoir point Dieu pour protecteur ; Dieu, pour leur inspirer des sentiments plus justes et les rendre meilleurs en les convainquant de la protection dont il environne les pauvres, déclare qu'il les sauvera d'une manière éclatante. « La parole du Seigneur est une parole pure, c'est un argent éprouvé par le feu et purifié dans la terre. » Comment ces paroles se rattachent-elles à ce qui précède ? Le voici, et la liaison est admirable : Gardez-vous, dit le Roi-prophète, de penser que ce sont là de vaines paroles et des menaces sans effet; ce sont des paroles chastes et pures de tout mensonge. L'argent que le feu a purifié ne contient plus aucun alliage, aucun élément étranger; telles sont aussi les paroles de Dieu, et ce qu'elles annoncent doit nécessairement arriver. C'est pour cela que David dit encore :« C'est un argent éprouvé par le feu et purifié dans la terre. » Un autre interprète traduit : « C'est un argent en fusion sous l'action du feu, et qui laisse à la terre tout ce qu'il a d'impur. » Le texte hébreu, au lieu de « qui laisse à la terre, » porte : Baalil laares, c'est-à-dire qui est en fusion et qui coule dans la terre : « Il est raffiné jusqu'à sept fois. »

3. Vous voyez comment à l'aide d'une comparaison empruntée à un objet matériel, le Roi-prophète nous fait comprendre ce qui est vrai et pur de tout mensonge. De même donc que l'argent est mis en fusion et passe plusieurs fois par le feu dans le creuset pour s'y dégager de toute matière étrangère, ainsi en est-il des paroles qui sortent de la bouche de Dieu. « C'est vous, Seigneur, qui nous garderez et nous mettrez éternellement à couvert de cette génération. » Suivant un autre version : « Vous les garderez.» suivant une autre : « Vous garderez ces paroles et vous nous mettrez éternellement à couvert de cette génération. » Suivant une autre enfin : « Avec la génération qui doit vivre éternellement. » « Les impies marchent en tournant sans cesse. » Une autre version traduit : « Ils marcheront. » Une autre : « Ils tourneront dans le cercle des impies. Selon la profondeur de votre sagesse, vous avez multiplié les enfants des hommes. » Un autre interprète traduit : « Lorsque les derniers des enfants des hommes auront été élevés. » Un autre : «Selon votre sagesse profonde, ils ont été vendus à bas prix aux enfants des hommes. » Le texte hébreu porte : "Charm zollot lebne Adam. Vous, Seigneur vous nous garderez et vous nous conserverez. »

Ce que Dieu est dans le ciel, nous le sommes sur la terre

Voilà comme David ne cesse de recourir continuellement à Dieu et d'implorer son appui. C'est en effet un secours tout-puissant et que le temps ne peut affaiblir. Nous n'avons besoin d'aucun appui sur la terre, dit le prophète, car c'est vous qui nous garderez éternellement. Mais que signifient ces paroles : « Les impies marchent en tournant sans cesse ? » Voici le sens que présente la version des Septante : Bien que les impies soient répandus autour de nous, ils ne nous feront aucun mal, car vous nous gardez, Seigneur, vous nous élevez, vous nous couvrez de gloire. Si l'on veut adopter la version d'un autre interprète, le sens sera celui-ci : Les impies seront détruits, lorsque vous aurez élevé les derniers des enfants des hommes. C'est-à dire, lorsque vous nous aurez couverts de gloire, nous qui sommes l'objet du mépris des hommes, et en butte à toute sorte d'humiliations, vous les séparerez et vous les repousserez. Quel est le sens de ces paroles : « Selon votre élévation ?» Vous les avez rendus semblables à vous, autant que l'homme peut être semblable à Dieu. « Faisons l'homme, a-t-il dit, à notre image et à notre ressemblance.» Genes., I, 26. Ce que Dieu est dans le ciel, nous le sommes sur la terre. Personne n'est au-dessus de Dieu dans le ciel, aucun être n'est égal en puissance à l'homme sur la terre. « Soyez, nous dit Jésus-Christ, semblable à votre Père qui est dans les cieux. » Matth., V, 45. Que dis-je ? Il nous fait  entrer en partage de son propre nom. « J'ai dit Vous êtes des dieux, et vous êtes tous les fils du Très-Haut. » Psalm. LXXXI, 6. Et dans un autre endroit : « Je t'ai établi le Dieu de Pharaon, Exod., VII, 1, dit-il à Moise, et il lui donne en même temps le pouvoir d'opérer des prodiges sur la nature visible aussi bien que sur la nature incorporelle. Moïse alors changea la nature des choses créées, d'autres ont produit les mêmes effets sur d'autres éléments; pour nous, Dieu nous ordonne de faire de nous un temple à sa gloire. Ce n'est point vous qui avez créé les cieux, mais c'est à vous qu'il appartient d'élever un temple à Dieu. Ce qui donne au ciel tant de splendeur et d'éclat, c'est la présence de Dieu qui l'habite, c'est parce que nous-mêmes nous l’habitons par Jésus-Christ. « Il nous a ressuscités avec lui, dit saint Paul, et il nous a fait asseoir avec lui à sa droite dans les cieux, » Ephes., II, 6, et il nous a donné le pouvoir de faire des prodiges plus grands que ceux qu'il a opérés lui-même . « Il fera les œuvres que je fais, a-t-il dit, et il en fera même de plus grandes. » Joan., XIV, 12. Sous l'Ancien Testament celui-ci a déplacé les eaux de la mer, celui-là a mis un frein au soleil dans sa course; l'un a commandé à la lune de s’arrêter, l'autre a fait reculer les rayons du soleil; les enfants dans la fournaise ont enchaîné la puissance naturelle du feu; la flamme en fureur avait perdu sa force et frémissait des chaînes qui lui étaient imposées. Les animaux les plus cruels eux-mêmes sont saisis de respect à la vue des amis de Dieu, et bien que pressés par la faim, ils savent maîtriser leurs instincts féroces. Que ceux qui sont esclaves de leurs appétits sensuels rougissent devant la tempérance des bêtes féroces elles-mêmes. La seule vue de Daniel a enchaîné les instincts cruels des lions, et nous qui voyons le Fils de Dieu qui vient jusqu'à nous, nous n'en devenons pas plus modérés. Les lions auraient mieux aimé mourir de faim que de toucher au corps du saint prophète, et nous qui voyons Jésus-Christ errer çà et là, pauvre, dénué de tout et mourant de faim, non-seulement nous ne sacrifions rien de notre superflu, mais au milieu de l'abondance où nous vivons, nous avons que du mépris pour les saints.

Un autre ami de Dieu a vu la terre lui prodiguer ses dons avec une fécondité inouïe jusqu'alors. Et pourquoi vous étonner du respect et de la craint qu'inspiraient les amis de Dieu, alors que leur vêtements et l'ombre seule de leur corps étaient redoutables aux démons, aux maladies et à la mort ? Les anges eux-mêmes ont donné à ces hommes des témoignages extraordinaires de respect et de vénération. Et pourquoi n'auraient-ils pas donné ces marques d'honneur à ceux que Dieu lui-même honorait ? Nous en avons des exemples dans le Nouveau comme dans l'Ancien Testament. Voilà pourquoi le Roi-prophète dit ici : « Vous avez multiplié les enfants des hommes selon votre grande élévation. »

A la vue de cet excès d'honneur, témoignons à Dieu une reconnaissance digne de lui, de peur que la grandeur même de ses dons ne soit pour nous une matière de supplice dans l'autre vie. Puissions-nous tous, qui enseignons ces vérités ou qui les apprenons, être préservés de ce danger en Jésus-Christ notre Seigneur, à qui appartient toute gloire, tout honneur et toute adoration dans les siècles des siècles. 

Ainsi soit-il.