Saint Jean Chrysostome

La vie errante des Juifs, preuve de la véracité du Christ

En ce temps là, lorsque Jésus fut près de Jérusalem, voyant la ville, il pleura sur elle, en disant : Ah ! si toi aussi tu avais reconnu en ce jour ce qui donne la paix ! Oui viendront pour toi des jours où tes ennemis construiront des ouvrages de siège contre toi, t'encercleront et te presseront de tous côtés; ils t'anéantiront, toi et tes enfants qui sont chez toi, et ils ne laisseront pas chez toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas reconnu le moment où Dieu te visitait." (St Luc, 19, 41-44)

1. 

Et si vous leur demandez : pourquoi avez-vous crucifié Jésus-Christ ? Il vous répondront : parce que c’était un séducteur est un imposteur.

Si il en était ainsi, Dieu aurait dû vous combler d’honneurs et reculer vos frontières pour vous récompenser d’avoir fait une chose qui lui était agréable. Car punir de mort un séducteur et un imposteur c’est frapper un ennemi de Dieu, c’est faire une action digne de louanges. Vous qui aviez le droit de prétendre à de grandes récompenses si vous aviez mis à mort un séducteur, comment se fait-il que vous meniez une vie errante par toute la terre sans avoir de demeure certaine ?

Ne cherchons pas d’autres causes à ce châtiment que le crime que vous avez commis en crucifiant votre protecteur, votre bienfaiteur, et le docteur qui venait vous enseigner la vérité. Encore une fois, s’il avait été un séducteur, un ennemi de la divinité, s’il eut voulu se faire passer pour Dieu, sans l’être en effet, et usurper la gloire qui n’est due qu’à son père, Dieu vous devait les plus grands honneurs pour avoir déployé un si grand zèle dans la défense de la loi. Et cependant vous êtes aujourd’hui frappés d’un châtiment que vous n’aviez point éprouvé lorsque vous adoriez les idoles, que vous viviez dans l’impiété, et que vous répandiez le sang de vos enfants.

Vous menez comme des exilés une vie errante et vagabonde, asservis aux lois romaines, parcourant la terre et les mers sans demeure, sans villes, sans asile, réduits à la plus honteuse servitude, privés à la fois de la liberté, de la patrie, du sacerdoce, et de toutes vos prérogatives passées, dispersés au milieu des barbares et de mille peuples divers, devenus un objet d’horreur et d’abomination pour tous les hommes et exposés aux outrages de tout l’univers. Et justement certes, car ne dites pas que vous avez été récompensé pour avoir mis à mort un ennemi de Dieu ce serait une extravagance et une absurdité.

Ce que vous souffrez maintenant n’est point le partage de ceux qui font périr les ennemis de Dieu, mais le châtiment de ceux qui mettent à mort ses amis.

Commentaires sur le Psaume 8, paragraphe 3.