Saint Athanase
Athanase d'Alexandrie : son oeuvre
1. Les écrits d'Athanase, qui nous sont aussi parvenus en copte, en syriaque et en d'autres langues, sont un reflet fidèle de son activité épiscopale et des controverses auxquelles il participa. On n'a pas pu établir de façon certaine s'il maîtrisait lui-même le copte. Parmi ses Lettres de Pâques, la 39ème, qui date de 367, est célèbre parce que c'est le premier texte comportant le canon définitif du Nouveau Testament. Ce sont les évènements de sa vie et la nécessité de réfuter des adversaires coriaces qui furent souvent à l'origine de nombre de ses oeuvres.
Discours contre les païens et sur l'incarnation du verbe (318)
Le jeune Athanase avait environ 23 ans lorsqu'il rédige cette aplologie du christianisme, défendant le monothéisme contre la vanité de l'idolâtrie et du paganisme. Il justifie la foi en l'incarnation et s'interroge sur sa finalité : le Verbe s'est incarné afin de rétablir la connaissance de Dieu et anéantir le péché afin de diviniser l'homme et l'unir à Dieu par le don de l'Esprit et lui communiquer l'immortalité. L'incarnation est ordonnée à la rédemption. Par l'incarnation, l'homme revient à son origine, car il fut créé à l'image de Dieu.
La vie de saint Antoine
C'est moins une biographie, qu'une oeuvre d'édification adressée "aux moines habitant en pays étranger", c'est à dire l'Occident. Elle comporte un proramme d'ascèse illustrée par le vie et les discours d'Antoine. Sa vie est comme une suite de conversions de plus en plus profondes dans un dépassement perpétuel, pour parvenir, à travers le travail manuel et la méditation de la Bible à la prière perpétuelle. Le Christ, poussé par l'Esprit avait été conduit au désert pour y vaincre le démon. Antoine imite sa démarche, il part au désert afin d'y vaincre le démon, avec et par le Christ. Mais le véritable champ de cette lutte est intérieur, c'est en lui-même que, par la foi, le moine remporte cette victoire rédemptrice. La mystique d'Antoine est christocentrique : c'est parce qu'il est uni au Christ qu'il ose affronter dans la solitude le démon face à face. La conversion du moine est un retour à la nature telle qu'elle est sortie des mains du créateur, un retour au paradis, que symbolise la domination sur les bètes sauvages, thème récurrent de la littérature monastique :
Saint Antoine recommande "d'avoir tous les jours la mort présente devant les yeux" :
Trois discours contre les Ariens (356-358)
Cette oeuvre fût composée durant son 3ème exil, et écrite dans les déserts d'Egypte. Dans le premier discours, il défend la foi de Nicée et réfute la Thalie d'Arius. Les deuxième et troisième discours reprennent les textes scripturaires invoqués par les ariens à l'appui de leurs erreurs, et en donnent l'exégèse. Pour Athanase (et pour les Pères grecs), l'incarnation divine a une fonction : déifier l'homme. Et comment une simple créature pourrait dès lors réaliser cette divinisation ? Impossible.
L'abaissement du Verbe, en se faisant en tout semblable à nous, permet parallèllement l'élèvement de l'homme, principe même de sa divinisation :
Apologie au sujet de sa fuite (357)
C'est une brillante justification de son attitude contre ceux qui le critiquaient d'avoir fui au désert :
Quatre lettres à Sérapion (358/362)
C'est une correspondance échangée avec l'évèque Sérapion au sujet de la divinité du Saint-Esprit. Nous n'avons gardé que les réponses d'Athanase. Même si nulle part est exprimé clairement que le Saint-Esprit est Dieu, cela se déduit néanmoins de façon négative : le Saint-Esprit n'est pas un ange, ni une créature etc.
Lettres sur les synodes de Rimini et de Séleucis
L'empereur Constance fait tenir deux conciles l'un en Orient, à Seleucis et l'autre en Occident à Rimini afin de rétablir la paix religieuse. Saint Athanase, en exil, se plaint de l'instabilité des professions de foi qui se succèdent et il leur oppose la ferme fixité de la formule de Nicée.
Traité sur l'incarnation contre les ariens (365)
Une nouvelle fois, il insiste sur le but de l'incarnation et défend aussi la doctrine de la divinité du Saint-Esprit.
Conclusion
Dans son panégyrique de saint Athanase, saint Grégoire de Naziance le caractérise comme la "colonne de l'Eglise", l'"athlète de la vérité". Les auteurs modernes sont davantage portés à souligner son intransigeance, et c'est vrai qu'intraitable, il le fut ! Et cette obstination à contribué à raviver des luttes politico-religieuses que les empereurs peu soucieux de subtilités théologiques s'employaient à calmer. Mais le recul du temps a donné raison à Athanase. Il voyait clair, là où tant d'évèques hésitaient, et l'enjeu était tel qu'aucune concession n'était permise. Athanase comprit que céder eût été trahir la foi : le Christ est vrai Dieu et Sauveur. Il a posé les bases d'un fondement théologique qui ne fera que gagner en précision par la suite. Le nom d'Athanase est désormais synonyme de fermeté et d'orthodoxie dans la foi.