Saint Grégoire de Naziance

Son oeuvre

Ouvrage de référence de cette partie : Lire les Pères de l'Eglise de soeur Gabriel PETERS

1. Dans l'attente de la mort, le cardinal Newman se confiera aux rares amis qui lui restent : "à Saint Athanase et à Saint Grégoire de Naziance, à Saint Chrysostome et à Saint Ambroise". Mais Newman ne fut pas son premier admirateur et Saint Jérôme l'a précédé. On peut citer aussi Rufin et surtout Saint Augustin ou encore Saint Jean Damascène. Il élabore une Apologie au sujet de sa fuite, suite à son comportement lors de sa nomination, qui inspirera Saint Jean Chrysostome pour son Traité du Sacerdoce. C'est dire que l'oeuvre de Grégoire est considérable par son empreinte théologique sur l'Eglise jusqu'à aujourd'hui. Mais rarement docteur fut moins doctoral : ce rhéteur est un poète et ce penseur est un mystique; sa personnalité est originale et quelque peu déconcertante et cette caractéristique se retrouve dans son oeuvre. Celle-ci peut être regroupée en 3 catégories de textes : les discours, les poèmes et les lettres.

Les Discours

On compte 45 Discours dont la chronologie s'étend de 362 à 383 dont la moitié après 379, date de sa nomination à Constantinople. Il s'agit pour la plupart de discours donnés oralement préparés ensuite pour leur publication, d'autres étant des pièces écrites sous forme de discours. Ces discours démontrent sa maîtrise de la rhétorique et surtout sa capacité à présenter de façon claire et convaincante des solutions aux problèmes les plus ardus de son temps. En particulier les Cinq Discours théologiques qui ont le plus contribué à lui conférer le titre de "théologien". Ils ont été produits au début de son séjour à Constantinople, dans la maison privée qu'il habitait et qui deviendra plus tard l'église Anasthasia car l'église des Apôtres était encore aux mains des ariens. Il s'agit de la présentation de la doctrine de la Trinité face aux néoariens (eunomiens) et aux macédoniens (pneumatomaques). Outre une justification de la doctrine de Nicée, il est le premier à appliquer la doctrine de consubstantialité au Saint-Esprit. Il va ainsi plus loin que Basile et parvient à affiner la compréhension du Saint-Esprit dans la Trinité.

Les Poèmes

Il est le premier à avoir composé une oeuvre de 400 poèmes soit en tout 17 000 vers, unique dans la patristique grecque. Ses Carmina, dont la plupart ont été composés lors de sa retraite à Arianze, comprennent des poèmes didactiques, des hymnes, des élégies et des épigrammes où il aborde les thèmes dogmatiques, moraux, autobiographiques et lyriques avec l'intention de présenter le Christianisme sous une forme plus agréable et plus abordable et d'adjoindre à la poésie hellenistique, une poésie chrétienne d'égale valeur.

Les Lettres

A la demande de son petit-neveu, Nicobule, Grégoire publia lui-même une collection de ses propres lettres, donnant sa théorie de l'épistolographie : concision, clarté, simplicité. On en a conservé 245. Leur contenu est celui de la correspondance ordinaire d'un homme cultivé et d'un évêque. Les Trois Lettres Théologiques revêtent une importance particulière, les numéros 101 et 102 adressées au presbytre Cledonius, qui dirigea le diocèse de Naziance pendant la vacance du siège après la mort de Grégoire l'Ancien (374), et le numéro 202 (387) à Nectaire, successeur de Grégoire et prédécesseur de Saint Jean Chrysostome sur le siège patriarcal de Constantinople. Nectaire n'était pas un théologien et Grégoire l'invite à la prudence face aux intrigues incessantes des ariens, des macédoniens et des apollinaristes et elle lui sert également de petit précis de théologie.

Alors que les Cinq Discours Théologiques avaient clarifié la question de la doctrine trinitaire, face aux ariens et aux pneumatomaques, ces Trois Lettres traitent surtout de l'autre question théologique, celle de la christologie, dans la discussion contre Apollinaire. La Lettre 101 définit la plénitude des deux natures dans le Christ et sa formulation sera reprise lors du concile de Chalcédoine en 451.

La pensée de Grégoire Le Théologien

PLATON

Grégoire voit en Platon, "le plus théologien d'entre les grecs", celui dont la langue a "la douceur du miel". Parmi les thèmes empruntés au philosophe :

  • l'affranchissement du monde sensible
  • la vie est méditation de la mort
  • la ressemblance de l'homme à Dieu
  • la contemplation du beau
  • l'illumination de l'esprit par le soleil divin

PLOTIN

  • Purification
  • Mépris du monde
  • Recherche de l'union constante avec Dieu
  • Contemplation

STOICIENS

  • Mépris de la mort
  • Détachement
  • Austérité

Pour autant, ces références ne doivent pas occulter "l'originalité irréductible du christianisme centré sur un Dieu devenu homme par amour, qui ne rejette en définitive aucune des vraies valeurs de ce monde dont ce Dieu est le créateur et qui invite l'homme à une union personnelle destinée à s'épanouir dans la joie lumineuse de la Trinité".