Saint Grégoire de Naziance

Sa vie

1. Nous sommes relativement bien renseignés sur la vie de Grégoire de Naziance, parce que ses écrits comportent de nombreuses références à sa biographie. Il est né vers 330 à Naziance (ou au bourg voisin d'Arianze), où son père, Grégoire l'Ancien, fut évêque pendant 45 ans. Son père était judeo-païen mais se convertit en 325 grâce à son épouse, Nonna et grâce à un songe : il refusait obstinément de chanter les Psaumes mais voilà qu'en rêve il se mit à chanter : "J'ai été dans la joie quand on m'a dit : nous irons dans la maison du seigneur." (Ps 122). L'évangélisation de la Cappadoce fut vers la moitié du IIIème siècle, l'oeuvre d'un disciple d'Origène, Grégoire le Thaumaturge, dont l'influence fut profonde et durable, la Cappadoce demeurant dans cette penseé alexandrine. Il bénéficie d'une formation remarquable, d'abord à Césarée de Cappadoce, où il fait la connaissance de Basile, puis à Césarée de Palestine, à Alexandrie et à l'académie d'Athènes où il fera la connaissance de l'empereur Julien.

Il s'établit ensuite à Naziance auprès de ses vieux parents pour leur venir en aide mais, après avoir confié la gestion du domaine familial à son frère Césaire, rejoint son ami Basile pour partager sa vie ascétique dans sa communauté d'Annisi, au bord du fleuve Iris, et rédiger ensemble La Philocalie d'Origène. Il reçut le baptème et durant la nuit de Noël 361, l'ordination sacerdotale des mains de son père afin de l'aider dans la province de Naziance, mais effrayé du poids de cette charge, il s'enfuit auprès de Basile dans la solitude du Pont. Cependant, au carême 362, Grégoire revint et pronça son premier sermon : "La crainte de résister à un ordre de Dieu fit taire en moi toute autre crainte."

Dans le cadre de la résistance à l'empereur arien Valens et la multiplication des sièges épiscopaux nicéens par Basile qu'elle comporte, celui-ci le nomme en 372 évêque de Sasimes, mais il refusa d'occuper ce siège et continua d'aider son père jusqu'à la mort de celui-ci en 374. Il se retira ensuite à Séleucie, en Isaurie, d'iù il fut appelé, après la mort de Valens à diriger la petite communauté nicéenne de la capitale, la grande majorité des habitants relèvant de l'arianisme. Il doit loger dans une maison privée dans laquelle il installe une chapelle : l'église de la Résurrection l"Anastasia". C'est pour les convaincre, qu'il publie en 380 ses célèbres Cinq Discours Théologiques, dans lequel il explique la doctrine trinitaire nicéenne, ce qui lui vaudra le titre de "Théologien" attesté dans les actes du concile de Chalcédoine (451). A la vigile de Pâques 379, les ariens envahissent la chapelle, lapidant les assistants : "Oui, ce qui s'est passé est atroce et plus qu'atroce même...Pardonnons... ajoutons à la bonté la bonté " dira Grégoire. Une autre fois, un assassin vint chez Grégoire dont la porte était toujours ouverte; l'accueil de Grégoire le désarma et il avoua tout !

Immédiatement après son entrée à Constantinople le 24 novembre 380, l'empereur Théodose contraint l'évêque arien Démophile à quitter la ville et installe Grégoire évêque de la capitale. Jérôme sera un des auditeurs les plus assidus de ce nouvel évêque qu'il appelle "son maître" et dont il dit avoir appris de lui "le véritable sens des Ecritures". Après la mort de l'évêque Mélèce d'Antioche, Grégoire préside à sa place en mai 381 le concile de Constantinople mais les rivalités l'épuisent et, malade, il veut démissionner "Si vous partez, lui répondent les fidèles, vous emmenez avec vous la Trinité ! ". Mais certains évêques intriguent : il ne peut être évêque de Constantinople, prétendent-ils, il est déjà évêque de Sasimes et de Naziance. Il se retire alors en juin 381 : "Adieu ô ma Trinité. Adieu objet de mon souci et source de tout bien. Puisses-tu demeurer sauve entre les mains des fidèles et les sauver à leur tour, ils sont mon peuple."

Il retourne donc à Naziance, malgré une santé précaire et se retire en 383 après que son cousin Eulalios lui ait succédé. Il passe les dernières années de sa vie dans la solitude à Arianze, et meurt en 390.

Pour une biographie complète : Jean BERNARDI Saint Grégoire de Naziance
Initiations aux Pères de l'Eglise Editions du CERF. 1995.

Voir un résumé de l'oeuvre de Grégoire de Naziance.