Sainte Catherine de Sienne

Sainte Catherine de Sienne : Le désespoir de Judas

Judas fut pris de remords : il rapporta les trente pièces d'argent aux chefs des prêtres et aux anciens, en disant : "J'ai péché en livrant à la mort un innocent." Ils répliquèrent : "Qu'est-ce que cela nous fait ? Cela te regarde." Jetant alors les pièces d'argent, il se retira et alla se pendre.

1. Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire : le péché impardonnable, dans ce monde et dans l'autre, c'est celui de l'homme qui, en méprisant ma miséricorde, n'a pas voulu être pardonné. C'est pourquoi je le tiens pour le plus grave et c'est pourquoi le désespoir de Judas m'a attristé plus moi-même et a été plus pénible à mon Fils que sa trahison. Les hommes donc seront condamnés pour ce faux jugement qui leur fait croire que leur péché est plus grand que ma miséricorde.

Ils sont condamnés pour leur injustice quand ils se lamentent sur leur sort plus que sur l'offense qu'ils m'ont faite. Car c'est alors qu'ils sont injustes : ils ne me rendent pas ce qui m'appartient à moi-même et ils ne se rendent pas à eux-mêmes ce qui leur appartient.

A moi on doit l'amour, le regret de sa faute et la contrition; ils doivent me les offrir à cause de leurs offenses, mais c'est le contraire qu'ils font.

Ils n'ont d'amour et de compassion que pour eux mêmes puisqu'ils ne savent que se lamenter sur les châtiments qui les attendent. Tu vois donc qu'ils commettent une injustice et c'est pourquoi ils se découvrent doublement punis pour avoir méprisé ma miséricorde.