Saint Jean Chrysostome

5ème Homélie sur Lazare

1. Un artiste a-t-il entre les mains une statue usée par la rouille et par le temps, mutilée dans plusieurs de ses parties, il la brise, la jette dans le creuset, la fait fondre avec soin pour la refaire plus belle. La statue brisée pour être jetée dans le creuset n'est pas détruite, mais renouvelée : ainsi la mort de nos corps n'est pas une destruction mais une restauration.
Lors donc que tu verras notre chair se dissoudre et se corrompre, comme dans une sorte de fournaise, ne t'arrête pas à ce que tes yeux aperçoivent mais attends la refonte, et ne t'arrête pas à l'impression que te donne l'image, mais, par l'analogie, va plus avant.

En effet, le statuaire qui jette dans le creuset une statue d'airain ne t'en retire pas une statue d'un autre métal, d'or par exemple, ni plus durable que la première, mais il la refait de nouveau en airain.

il n'en est pas de même de Dieu; de ce corps de boue et mortel jeté dans la fournaise, il en fait une statue d'or et immortelle. Car la terre qui a reçu un corps corruptible et périssable te rend ce même corps incorruptible et impérissable.

Par conséquent, ne regarde pas ce corps qui gît sans voix, les yeux fermés, le teint livide, mais voit plutôt celui qui resuscite et reçoit en échange une gloire inexprimable qui inspire un effroi sacré et est merveilleux, et de la vision présente transporte tes pensées vers l'espérance à venir.